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Développer une offre de formation à distance : les pièges à éviter

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Introduction : de l’essor du e-learning aux défis de la qualité

La formation professionnelle à distance a connu un essor fulgurant ces dernières années. En France, moins de 10 % des formations se déroulaient à distance en 2019, mais cette part dépassait le tiers fin 2021, sous l’effet accélérateur de la crise sanitaire de 2020. Sur le seul périmètre du compte personnel de formation (CPF), plus de la moitié des formations démarrées en 2022 étaient en modalité distancielle. Bien que ce taux soit redescendu à environ 39 % en 2023, au profit d’un regain du présentiel, la modalité mixte (blended learning) continue de progresser pour atteindre 24 % des parcours. Autrement dit, la digitalisation de l’offre de formation n’est plus un phénomène conjoncturel : elle s’inscrit désormais dans la durée, avec des apprenants de plus en plus habitués aux formats e-learning.

Face à cette transformation, un impératif s’impose aux organismes de formation et formateurs indépendants : passer du présentiel au digital sans compromettre la qualité ni l’engagement des apprenants. Les pouvoirs publics ont d’ailleurs renforcé les exigences de qualité. La loi du 5 septembre 2018 a intégré formellement la formation ouverte à distance (FOAD) dans le Code du travail et fixé des critères précis d’encadrement pour garantir son sérieux (assistance aux apprenants, évaluations, suivi de l’assiduité, etc.). Par ailleurs, depuis le 1er janvier 2022, tout prestataire souhaitant bénéficier de fonds publics ou mutualisés (OPCO, CPF, etc.) doit obligatoirement être certifié Qualiopi, attestant de la qualité de ses processus sur l’ensemble des actions de développement des compétences (formations, bilans de compétences, VAE, apprentissage). Dans ce contexte, développer une offre de formation à distance ne s’improvise pas.

Cet article propose un tour d’horizon des principaux pièges à éviter lors de la digitalisation d’une offre de formation, en mettant l’accent sur les bonnes pratiques pour maintenir la qualité pédagogique et l’engagement des apprenants. De la refonte de l’ingénierie pédagogique à l’intégration des principes de l’apprentissage des adultes (andragogie), en passant par le choix des modalités technologiques et le respect des normes (Qualiopi, référentiels de compétences, etc.), nous passerons en revue les écueils courants et les moyens de les surmonter. L’objectif est double : optimiser le positionnement de votre organisme sur le marché du digital learning tout en construisant des parcours en ligne rigoureux, efficaces et conformes aux standards attendus.

Piège n°1 : Sous-estimer la complexité du passage au digital

Un premier piège serait de croire que digitaliser une formation consiste simplement à mettre en ligne des contenus existants (diaporamas, vidéos de cours magistraux enregistrés, PDF, etc.) sans autre forme d’adaptation. En réalité, passer du présentiel au distanciel exige un investissement important en temps, en compétences et en ressources. Contrairement aux idées reçues, la formation à distance n’est pas forcément synonyme d’économie de coûts : elle en déplace et en complexifie même certains aspects. Comme le souligne un collectif de professionnels du secteur, proposer des formations en ligne requiert d’importants investissements technologiques (jusqu’à 25 % du chiffre d’affaires dans certains cas) et l’intégration de nouvelles expertises : développeurs de plateformes, ingénieurs pédagogiques, vidéastes, community managers, data analysts, etc. Ces profils viennent s’ajouter – sans les remplacer – aux équipes classiques de formateurs, car une formation digitale ne fonctionne pas en pilote automatique : elle doit être conçue, animée et supportée de manière active.

En sous-estimant cette montée en complexité, l’organisme court le risque de proposer une offre en ligne médiocre, peu engageante ou techniquement défaillante. Les apprenants d’aujourd’hui, habitués aux standards du e-learning, attendent une expérience utilisateur fluide (plateforme accessible, supports multimédias de qualité, ergonomie adaptée au mobile) et une vraie valeur ajoutée pédagogique. Lancer à la hâte un module en ligne sans préparation minutieuse peut nuire à la réputation de l’organisme et entraîner abandons ou insatisfaction. Pour éviter ce piège, il convient d’anticiper les moyens nécessaires : choisir une solution technique robuste (LMS, outils de classe virtuelle, etc.), former les formateurs aux outils numériques, prévoir un budget et un calendrier réaliste pour la conversion des contenus, et éventuellement s’entourer de partenaires ou prestataires spécialisés. En somme, digitaliser son offre de formation est un projet d’ingénierie à part entière, qui doit être conduit avec le même professionnalisme que la création d’une formation présentielle, sinon plus.

Piège n°2 : Négliger l’ingénierie pédagogique et le référentiel de compétences

La qualité d’une formation – qu’elle soit en salle ou en ligne – repose avant tout sur une ingénierie pédagogique solide. L’un des écueils fréquents de la digitalisation consiste à recycler tel quel le contenu d’un cours présentiel sans repenser les méthodes pédagogiques. Or, une formation à distance efficace nécessite de redéfinir le scénario pédagogique en fonction des contraintes et opportunités du numérique.

Avant de basculer en ligne, il est impératif de clarifier les objectifs d’apprentissage et de structurer le parcours autour d’un référentiel de compétences précis. Comme le rappelle le Code du travail, une action de formation professionnelle doit viser un but déterminé et permettre l’acquisition de compétences identifiables et mesurables. Les simples actions de sensibilisation ou de diffusion de savoir-être, sans acquisition de savoir-faire évaluables, ne sont pas reconnues comme formations éligibles. Ainsi, tout projet de formation distancielle devrait démarrer par la définition des compétences ciblées (techniques, comportementales, métier…) et la conception d’un déroulé pédagogique détaillé décrivant les activités d’apprentissage correspondantes. Dans le cas d’une FOAD, la réglementation impose d’ailleurs que le programme précise la nature des travaux demandés au stagiaire, le temps estimé pour les réaliser, les modalités de suivi et d’évaluation à distance, ainsi que les moyens d’accompagnement prévus. Ce niveau de formalisation du scénario pédagogique est non seulement requis pour être en conformité, mais surtout bénéfique pour garantir la cohérence et la progression du cours en ligne.

Concrètement, repenser l’ingénierie pédagogique signifie adapter les méthodes au format numérique. Par exemple, au lieu d’une longue session magistrale d’une demi-journée, on privilégiera une découpe modulaire en séquences plus courtes, centrées chacune sur un objectif pédagogique précis. On pourra recourir à des pédagogies actives particulièrement adaptées au distanciel : étude de cas en ligne, serious games, simulations, analyses de vidéos, etc., qui incitent l’apprenant à interagir et à construire son savoir. L’usage de quiz d’évaluation formative à la fin de chaque module permet de valider l’acquisition progressive des notions et de renforcer l’attention. Le storytelling pédagogique et la contextualisation des apprentissages (par des exemples concrets en lien avec la pratique professionnelle des apprenants) sont également des leviers importants pour éviter une formation en ligne trop théorique ou désincarnée.

En résumé, digitaliser une formation ne signifie pas simplement diffuser du contenu, mais concevoir une expérience d’apprentissage structurée, engageante et centrée sur les compétences à acquérir. Cette phase de conception amont, souvent appelée ingénierie pédagogique, est décisive pour la qualité finale. La mobilisation d’un ingénieur pédagogique ou la formation du formateur à ces approches peut s’avérer très utile, afin de transposer les objectifs pédagogiques dans des formats numériques adéquats. Un organisme de formation qui investirait insuffisamment cette étape de design s’expose à fournir des modules distanciels confus, mal ciblés, ou inadaptés aux besoins des apprenants – en somme, à compromettre la promesse de qualité qu’exige la certification Qualiopi.

Piège n°3 : Ignorer les spécificités de l’andragogie (apprentissage des adultes)

Former des adultes n’est pas tout à fait comme former des enfants ou des étudiants. Le passage au digital peut accentuer ce différentiel en modifiant la relation pédagogique. Malcolm Knowles, théoricien de l’andragogie, a mis en évidence que les adultes présentent des caractéristiques d’apprentissage distinctes de celles des plus jeunes. Contrairement à l’élève qui absorbe passivement un cours dans un environnement dirigé par l’enseignant, l’apprenant adulte cherche à être partie prenante de son apprentissage et à relier immédiatement la théorie à sa pratique personnelle. Knowles a formulé six principes majeurs qui doivent guider la formation des adultes : besoin de se sentir responsables de leur apprentissage, mobilisation de leur expérience antérieure comme ressource, recherche de connaissances directement applicables à leurs problèmes, volonté de résoudre des situations concrètes, motivation plutôt intrinsèque, et nécessité de comprendre le pourquoi de chaque apprentissage. En clair, un adulte apprend mieux lorsque la formation fait sens pour lui, qu’il peut y jouer un rôle actif, et qu’il y voit un moyen de progresser dans sa vie professionnelle ou personnelle.

Transposer ces principes à une formation à distance est indispensable pour éviter le désengagement. Par exemple, un piège courant consiste à proposer un parcours e-learning trop rigide, enfermant l’apprenant dans une suite de modules linéaires sans marge de manœuvre. Au contraire, il est recommandé d’offrir une certaine autonomie : permettre à l’apprenant de choisir son rythme (modules accessibles à la demande, apprentissage asynchrone), d’explorer des ressources complémentaires selon ses centres d’intérêt, voire de personnaliser partiellement son parcours en fonction de son niveau initial. La reconnaissance de l’expérience professionnelle des participants peut être valorisée à travers des activités qui les invitent à partager leurs cas vécus, à réfléchir sur leurs pratiques (journaux de bord, analyses réflexives) et à en tirer des enseignements. Ce type d’approche rejoint l’idée de “formation par problèmes” : plutôt que de délivrer un savoir descendant, on part d’un problème concret rencontré sur le terrain et l’on guide l’apprenant adulte dans la recherche de solutions, mobilisant ainsi son bagage et ses compétences de résolution.

Le rôle du formateur évolue alors vers celui de facilitateur plus que de simple dispensateur de savoir. Comme le résume bien Knowles, l’éducateur doit créer un cadre propice, fournir les ressources et accompagner l’apprenant, mais c’est ce dernier qui construit son savoir par l’expérience. Dans une formation en ligne, cela implique par exemple d’intégrer des études de cas interactives, des ateliers virtuels où les stagiaires peuvent collaborer, ou encore des projets à réaliser en autonomie suivis de débriefings collectifs. L’apprenant adulte, s’il comprend la finalité de ce qu’il fait et qu’il y voit un gain concret en compétences, sera d’autant plus engagé. A contrario, si on lui impose un parcours standardisé, sans lien apparent avec ses besoins, on prend le risque de le voir se démotiver rapidement – a fortiori à distance, où il n’aura pas la contrainte physique de la salle de formation pour le retenir. Mobiliser les principes de l’andragogie dans la conception et l’animation de ses formations distancielles est donc un gage de pertinence et de motivation pour le public adulte.

Piège n°4 : Laisser les apprenants isolés – l’importance du lien social

« On apprend toujours seul, mais jamais sans les autres. » Cette maxime du pédagogue Philippe Carré souligne un paradoxe fondamental de la formation des adultes : si l’acquisition de connaissances est un processus personnel, elle est grandement facilitée par la présence et le soutien d’autrui. L’isolement est ainsi identifié comme l’un des premiers facteurs d’échec d’une formation à distance. Privé d’interactions humaines, un apprenant en ligne risque de perdre sa motivation et d’abandonner plus facilement en cas de difficulté. Une enquête menée auprès de stagiaires en FOAD a montré que 29 % d’entre eux redoutaient de se sentir isolés, en particulier ceux qui attendaient beaucoup d’échanges avec leurs pairs. Lorsque cette attente de socialisation n’est pas satisfaite, le sentiment de solitude peut s’installer et conduire à la démobilisation. À l’inverse, le soutien social – qu’il provienne des autres apprenants, des formateurs ou de l’entourage – est un facteur clé de persévérance jusqu’au terme du parcours.

Dans un dispositif en présentiel, la convivialité d’une salle de classe, les pauses-café ou les séances de travaux en groupe créent naturellement du lien. En distanciel, il faut orchestrer délibérément cette présence humaine. La réussite d’une formation en ligne est favorisée par une « présence à distance » effective de deux ordres : la présence des pairs d’une part, et la présence enseignante d’autre part. Concrètement, il est essentiel de prévoir des espaces et des temps d’échange entre apprenants – forums de discussion, chats, groupes de travail collaboratif, classes virtuelles – afin de favoriser l’émergence d’une communauté d’apprentissage. Ces interactions horizontales permettent le partage d’expériences, l’entraide, et rompent le sentiment d’être « seul derrière son écran ». Il peut être opportun, dès le début du parcours, d’inciter les participants à se présenter mutuellement, à exprimer leurs objectifs et à communiquer sur leurs profils (situation professionnelle, expertise, etc.), par exemple via un forum dédié ou un outil interactif. Le formateur valorisera ces échanges en établissant des liens entre les expériences des apprenants et le contenu du cours, afin que chacun se sente reconnu et intégré dans un collectif.

Parallèlement, la présence enseignante doit se manifester de manière continue tout au long du dispositif. Cela passe d’abord par le soin apporté à la conception du cours (des consignes claires, une interface accueillante, des ressources bien organisées) qui donne à l’apprenant le sentiment qu’il sera guidé pas à pas. Ensuite, le formateur ou tuteur en ligne devra assurer une animation active : réponses rapides aux questions sur les forums, rétroactions régulières sur les travaux réalisés, interventions en webconférence pour relancer la dynamique, etc. Il est prouvé que l’absence de réponse de l’encadrement aux sollicitations d’un apprenant accroît fortement sa solitude perçue et son risque de décrochage. À l’inverse, savoir que l’on peut obtenir de l’aide en cas de besoin et que quelqu’un suit nos progrès apporte un sentiment de sécurité pédagogique. Des dispositifs de tutorat à distance peuvent être mis en place, par exemple un point de contact personnalisé (référent) qui prend régulièrement des nouvelles de l’apprenant, l’aide à planifier son travail et le remotive si nécessaire.

En résumé, rompre l’isolement doit être une préoccupation centrale du passage au digital. Aucune technologie ne remplacera la chaleur humaine et la stimulation intellectuelle apportées par les interactions sociales. Les organismes de formation ont donc intérêt à intégrer dans leurs parcours en ligne une véritable stratégie d’animation de communauté, de manière à ce que chaque apprenant se sente membre d’un groupe et acteur d’une aventure collective, plutôt qu’auditeur distant d’un contenu désincarné. Ce tissu relationnel est un puissant levier d’engagement et de fidélisation, qui contribue autant à la réussite des apprenants qu’à l’image de sérieux de l’organisme.

Piège n°5 : Négliger le tutorat et l’accompagnement personnalisé

Corollaire du point précédent, un autre piège est de penser qu’une fois les contenus digitaux mis à disposition, le travail du formateur est terminé et que l’apprenant n’a plus qu’à se débrouiller seul. Au contraire, la formation à distance efficace repose sur un accompagnement pédagogique structuré. D’ailleurs, la loi encadrant la FOAD est explicite : la mise en œuvre d’une action de formation en tout ou partie à distance « comprend obligatoirement une assistance technique et pédagogique appropriée pour accompagner le bénéficiaire dans le déroulement de son parcours ». Cette exigence, reprise dans le référentiel Qualiopi (critère 4), souligne que l’organisme doit prévoir les moyens humains pour soutenir les apprenants en ligne. Il ne suffit pas de donner un accès à un module e-learning, il faut aussi s’assurer que chaque stagiaire pourra obtenir de l’aide en cas de besoin, aussi bien sur le plan technique (difficultés d’accès, problèmes informatiques) que sur le plan pédagogique (explications supplémentaires, reformulation d’une notion mal comprise, etc.).

Un tutorat de qualité peut prendre plusieurs formes. On distingue souvent le tutorat synchrone, où l’échange se fait en temps réel (hotline téléphonique ou visio à horaires fixes, chat en direct pendant les classes virtuelles…), et le tutorat asynchrone, via forums, messageries ou email, où le formateur répond dans un délai convenu. L’important est d’annoncer clairement aux apprenants les modalités d’accompagnement : qui peut être contacté, par quel canal, pour quel type de question, et sous quel délai de réponse maximum. Par exemple, dans le déroulé pédagogique figurera le nom du tuteur référent, ses coordonnées, et l’engagement d’une réponse sous 24 h en semaine. Cette visibilité rassure l’apprenant sur le fait qu’il n’est pas livré à lui-même.

Le tuteur (ou formateur en ligne) aura pour mission non seulement de répondre aux questions, mais aussi de proactiver le suivi de la progression. Il peut envoyer des messages aux apprenants qui ne se connectent plus depuis un certain temps, afin de s’enquérir des difficultés éventuelles. Il peut planifier des points d’étape individuels pour faire le bilan à mi-parcours, ou animer de courtes visioconférences de regroupement pour remobiliser le groupe. Le feedback personnalisé sur les travaux est également crucial : plutôt que de se contenter de notes automatisées, un commentaire précis valorisant les réussites et corrigeant les erreurs aidera l’apprenant à progresser et à se sentir encadré. Des outils numériques peuvent faciliter ce suivi : par exemple, des tableaux de bord d’apprentissage (learning analytics) qui signalent les apprenants à risque (baisse d’assiduité, faibles scores) permettant au tuteur de les contacter en priorité.

En définitive, il faut considérer le tutorat à distance comme la colonne vertébrale de la formation en ligne. Un contenu même excellent n’aura pas d’effet si les apprenants décrochent en cours de route faute d’appui. À l’inverse, un accompagnement humain bien pensé peut compenser des faiblesses mineures de contenu en maintenant l’apprenant dans une dynamique positive. Les organismes de formation doivent donc allouer des ressources suffisantes à cette fonction tutorale lorsqu’ils développent une offre distancielle. Cela peut impliquer de former des formateurs aux spécificités de l’encadrement à distance (par exemple, savoir animer un forum, maîtriser l’art de la rétroaction écrite bienveillante, gérer son temps entre plusieurs apprenants en parallèle, etc.). Un tuteur en ligne performant est à la fois un pédagogue, un coach et un modérateur : un profil complet qui se construit avec de l’expérience et éventuellement des certifications spécifiques. En évitant le piège d’un e-learning sans soutien humain, on maximise les chances de réussite et de satisfaction des apprenants, ce qui est le but ultime de toute action de formation.

Piège n°6 : Proposer un contenu monotone et peu interactif

La lassitude guette vite l’apprenant en ligne confronté à des contenus monotones ou à un déroulé répétitif. Un piège classique est de transposer en digital le modèle du cours magistral centré sur l’enseignant parlant pendant une heure, ce qui se traduit souvent par de longues vidéos de conférence ou des textes indigestes. Or, l’attention humaine a des limites, d’autant plus face à un écran qui offre de multiples distractions concurrentes. Des études sur l’attention en contexte numérique suggèrent que le niveau de concentration baisse significativement au bout de 10 à 20 minutes d’écoute passive. Bien qu’il ne faille pas tomber dans le mythe réducteur d’une « durée maximale universelle » de l’attention (celle-ci dépend aussi de l’intérêt du sujet, de l’interactivité, etc.), il est avéré qu’une formation en ligne doit rythmer le parcours en variant fréquemment les stimuli pour maintenir l’engagement cognitif.

Un bon principe est de segmenter le contenu en unités d’apprentissage de courte durée. Plutôt qu’une vidéo de 1 heure, on préférera 6 vidéos de 10 minutes, chacune suivie d’une activité (quiz, réflexion à mener, exercice pratique) obligeant l’apprenant à traiter activement l’information reçue. De même, une session de classe virtuelle ne devrait pas excéder 1h30 sans pause, et au sein de celle-ci le formateur veillera à solliciter régulièrement les participants (questions, sondages en direct, études de cas en sous-groupes virtuels, etc.). « Nous apprenons mieux en faisant et en réfléchissant sur nos expériences », rappelle le modèle de l’apprentissage expérientiel de Kolb. Autrement dit, pour ancrer une notion il faut idéalement que l’apprenant puisse la mettre en pratique et y réfléchir, plutôt que de la consommer de façon linéaire. En e-learning, cela se traduit par l’usage de supports multimédias interactifs : par exemple, des vidéos cliquables où l’on doit prendre des décisions (scénarios ramifiés), des quiz intégrés toutes les 5 pages d’un module e-learning, des jeux sérieux, ou encore des exercices à réaliser hors ligne puis à déposer sur la plateforme.

La variété des formats est un aspect clé pour éviter l’ennui. Un module peut combiner du texte (pour les explications détaillées, éventuellement sous forme d’infographie), de la vidéo (pour illustrer un processus, montrer un geste technique, ou stimuler par une mise en situation), de l’audio (podcast à écouter, témoignage d’expert), et des éléments interactifs (glisser-déposer, quiz, études de cas). Cette multimodalité permet de solliciter différents canaux d’apprentissage et de s’adapter aux préférences variées des apprenants (visuels, auditifs, etc.). Attention toutefois à ne pas sombrer dans l’excès inverse d’une surenchère technologique sans fil conducteur : chaque média doit être choisi en fonction de sa pertinence pédagogique. Par exemple, une vidéo animée peut très bien expliquer un concept abstrait en quelques minutes là où du texte serait ardu ; à l’inverse, pour une analyse juridique pointue, un document écrit structuré sera plus adapté qu’une longue vidéo. L’art de l’ingénierie pédagogique digitale est de trouver le bon dosage entre ces formats pour optimiser l’attention sans disperser l’apprenant.

Enfin, l’esthétique et l’ergonomie des contenus ne sont pas à négliger. Un piège fréquent des ressources e-learning « maison » est un aspect visuel austère ou désuet (slides surchargés de texte, enregistrements audio de faible qualité, etc.). Cela peut entamer la crédibilité perçue de la formation. Investir dans une charte graphique moderne, dans des visuels de bonne qualité, et dans une interface intuitive fait partie intégrante de la qualité. Le design pédagogique inclut aussi le design graphique : une information bien présentée sera mieux apprise. De même, il convient d’optimiser les contenus pour une consultation multiplateforme (ordinateur, tablette, smartphone), car nombre d’apprenants souhaiteront peut-être profiter de temps morts pour avancer sur leur mobile. Un contenu non responsive ou lourd à charger sur un petit écran crée de la frustration et nuit à l’engagement.

En somme, éviter la monotonie dans une formation à distance demande de penser celle-ci comme un parcours interactif qui stimule en permanence l’apprenant. Diversifier les méthodes pédagogiques, insérer régulièrement des activités participatives et soigner la forme autant que le fond sont autant de parades contre le décrochage. Le succès d’un module en ligne se joue souvent dans ces détails qui font qu’un apprenant aura envie de continuer plutôt que de fermer l’onglet de son navigateur.

Piège n°7 : Ne pas évaluer les acquis ni suivre la progression

Une formation de qualité se distingue par sa capacité à faire progresser les compétences des apprenants et à le démontrer. En présentiel, un formateur peut aisément poser des questions à l’oral, faire un tour de table pour vérifier la compréhension, ou adapter son cours en direct en fonction des réactions. En distanciel asynchrone, le risque est de perdre cette boucle de rétroaction si aucune évaluation n’est prévue avant l’examen final. Or, ne pas intégrer d’évaluations intermédiaires est un double piège : d’une part, l’organisme se prive d’indicateurs sur l’efficacité de la formation (et ne peut pas corriger le tir en cours de route) ; d’autre part, l’apprenant lui-même avance à l’aveugle sans savoir s’il maîtrise réellement les notions, ce qui peut le conduire à l’échec final ou à une confiance erronée.

Il est donc fortement recommandé de jalonner le parcours de quizz, d’exercices notés ou de mises en situation régulières. Ces évaluations peuvent être formatives (sans enjeu de certification, juste pour entraîner) ou certificatives. Par exemple, après chaque module thématique, un quiz en ligne permet de s’assurer que les notions-clés sont acquises ; un taux de réussite insuffisant donnera lieu à une révision ou à un message d’alerte du tuteur. De même, des devoirs à rendre (étude de cas, projet) peuvent être proposés, suivis d’une correction personnalisée. Non seulement cela maintient l’attention de l’apprenant (qui sait qu’il sera amené à utiliser activement ce qu’il apprend), mais cela répond aux critères officiels de qualité. En effet, la réglementation impose que les actions de formation, y compris à distance, comportent des évaluations qui jalonnent ou concluent le parcours. De plus, en termes de certification qualité, les organismes doivent démontrer comment ils mesurent l’atteinte des objectifs par les stagiaires (taux de réussite, acquis en fin de formation, etc.).

Un autre aspect crucial du suivi en FOAD est la traçabilité de l’assiduité. Contrairement au présentiel où l’on fait signer des feuilles de présence, la formation à distance requiert d’autres preuves de participation effective. Le décret du 28 décembre 2018 sur les actions de formation précise que la réalité des séquences suivies peut être justifiée par tout élément probant : réalisation des travaux demandés (exercices, quiz complétés), données de connexion et de progression dans le module, interactions avec l’équipe pédagogique, évaluations rendues, etc. Depuis 2020, un certificat de réalisation doit être émis en fin de formation pour attester que le bénéficiaire a bien accompli le parcours, ce document conditionnant souvent le paiement par les financeurs. Un organisme qui négligerait ce suivi administratif et qualitatif s’expose à des déconvenues : refus de prise en charge par un OPCO ou par le CPF faute de justificatifs, non-conformité lors d’un audit Qualiopi, ou tout simplement incapacité à prouver l’efficacité de sa formation auprès d’un client.

Heureusement, les plateformes LMS modernes fournissent des outils puissants pour le suivi : tableaux de bord avec taux d’avancement de chaque apprenant, temps passé, scores obtenus, alertes en cas d’inactivité prolongée, etc. Il convient d’exploiter ces données, non pour surveiller de manière coercitive, mais pour accompagner au mieux : repérer un apprenant en difficulté dès qu’il décroche et le relancer, identifier un quiz que la majorité a échoué (signe que la notion a été mal comprise ou mal enseignée) et corriger le tir. Le suivi de progression profite à tout le monde : à l’apprenant qui se sent encadré, au formateur qui peut ajuster sa pédagogie, et à l’organisme qui peut valoriser des indicateurs de réussite (taux de certification, satisfaction) auprès des futurs clients et des certificateurs.

En somme, intégrer des évaluations régulières et assurer une traçabilité rigoureuse sont deux impératifs de la formation à distance professionnelle. Cela permet de garantir la montée en compétences réelle des stagiaires, condition sine qua non pour légitimer l’investissement dans le digital learning. Une formation sans évaluation est comme un voyage sans boussole : ni l’apprenant ni le formateur ne savent vraiment où ils en sont, ni si la destination (les compétences visées) sera atteinte.

Piège n°8 : Faire l’impasse sur les exigences qualité et réglementaires (Qualiopi, CPF…)

Dans le secteur de la formation professionnelle en France, la crédibilité d’une offre – a fortiori à distance – repose sur le respect de standards officiels de qualité. Un organisme souhaitant digitaliser ses formations ne peut se permettre de négliger le cadre réglementaire au risque de se couper des financements publics et de perdre la confiance de ses clients. Depuis la réforme de 2018, ce cadre s’articule principalement autour de la certification Qualiopi et de l’éligibilité au CPF (compte personnel de formation), ainsi que du respect des référentiels de certification de France Compétences.

Obtenir la certification Qualiopi est devenu quasiment indispensable : entrée en vigueur obligatoire en 2022, elle conditionne l’accès aux fonds mutualisés ou publics (financements par les opérateurs de compétences, crédit CPF, etc.). Qualiopi vise à attester la qualité des processus mis en œuvre par les prestataires d’actions de développement des compétences. Le référentiel national qualité s’articule autour de 7 critères (information du public, conception des prestations, accompagnement des apprenants, montée en compétences des formateurs, environnement socio-économique, amélioration continue, etc.) déclinés en 32 indicateurs mesurables. Une attention particulière est portée à la capacité de l’organisme à concevoir des formations adaptées (critère 1 et 2), à les dispenser avec des moyens appropriés (critère 4) et à en évaluer les résultats (critère 6). Dans le contexte du e-learning, cela se traduit concrètement par l’obligation de mettre en place les éléments évoqués plus haut : informations claires au client sur les modalités distancielles, scénarios pédagogiques détaillés, assistance technique aux apprenants, évaluations prévues, prise en compte des retours pour amélioration, etc. Un audit Qualiopi examinera, par exemple, les preuves que vous fournissez sur le suivi des apprenants en ligne (rapports d’activité, taux de complétion, enquêtes de satisfaction) ou sur l’accessibilité de vos contenus aux personnes handicapées. Ne pas se conformer à ces attentes mettrait votre organisme en situation de non-conformité majeure, avec à la clé l’impossibilité de faire financer vos formations par le CPF ou les employeurs publics.

Justement, l’éligibilité CPF est un enjeu crucial pour beaucoup d’organismes. Le CPF ne finance que les formations débouchant sur une certification reconnue (diplôme, titre professionnel, certificat de qualification, etc.) inscrite soit au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles), soit au Répertoire spécifique de France Compétences. Passer son offre en distanciel ne dispense donc pas de s’assurer que le contenu reste conforme aux référentiels des certifications visées. Par exemple, si votre formation prépare à un titre inscrit au RNCP, vous devez maintenir (voire renforcer) en ligne les modalités d’évaluation des compétences prévues par le référentiel du titre. De même, pour une certification de type bilan de compétences, le fait de réaliser tout ou partie des entretiens à distance est possible, mais l’organisme doit garantir que la méthodologie réglementaire du bilan (phase préliminaire, phase d’investigation, phase de conclusion avec remise d’un document de synthèse) est strictement respectée, et que la confidentialité des échanges est assurée y compris via les outils numériques. En d’autres termes, digitaliser ne doit pas rimer avec déréglementer. Chaque format innovant (classe virtuelle, module e-learning, serious game, etc.) doit être passé au crible de la conformité : correspond-il aux exigences du Code du travail et des référentiels en vigueur ? Par exemple, pour une formation certifiante, s’il est envisagé de faire passer l’examen à distance, il faudra prévoir un système de surveillance (proctoring) ou des conditions garantissant l’identité du candidat et l’absence de fraude.

Un autre aspect souvent sous-estimé est la question juridique de la protection des données et de la propriété intellectuelle. Le passage au digital implique la collecte et le traitement de données à caractère personnel des apprenants (nom, email, progression, résultats, etc.). L’organisme doit donc se conformer au RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) : informer les utilisateurs sur l’usage de leurs données, obtenir leur consentement, sécuriser les informations et leur permettre d’exercer leurs droits (accès, rectification, etc.). Par ailleurs, les contenus de formation (vidéos, textes, exercices) sont protégés par le droit d’auteur. Il est interdit de réutiliser sans autorisation des ressources pédagogiques trouvées sur Internet. Inversement, l’organisme doit protéger ses propres contenus contre le piratage, par exemple via des conditions générales d’utilisation claires et des mesures techniques de protection. Ignorer ces aspects juridiques expose à des sanctions financières et à des litiges qui peuvent ternir durablement la réputation.

Piège n°9 : Opposer présentiel et distanciel au lieu de combiner le meilleur des deux

Dans la hâte de « basculer » en tout distanciel, certains organismes ont pu commettre l’erreur de tourner le dos un peu vite à leurs pratiques présentielles éprouvées. Pourtant, il ne s’agit pas de déclarer l’apprentissage en salle obsolète et l’e-learning supérieur en tout point. Présentiel et distanciel offrent chacun des avantages spécifiques, et l’enjeu n’est pas de les opposer, mais de trouver le bon équilibre en fonction des objectifs pédagogiques et des publics. Un discours manichéen du type « le digital va remplacer la salle de classe » est non seulement faux (on constate d’ailleurs un retour du présentiel pour certaines formations post-Covid), mais dangereux en ce qu’il pourrait compromettre la qualité.

Le présentiel garde des atouts incomparables pour certaines activités : les apprentissages pratiques nécessitant du matériel ou une supervision en temps réel (gestes professionnels, expérimentations…), la cohésion d’équipe et le networking informel, l’immersion totale loin des distractions du quotidien, etc. À l’inverse, le distanciel excelle pour rendre accessibles des contenus théoriques à grande échelle, pour individualiser les parcours (adaptatifs, tutoriels en ligne à la demande), ou pour permettre un rythme flexible respectant les contraintes de chacun. Plutôt que de choisir l’un contre l’autre, la tendance actuelle est aux dispositifs hybrides intelligents, où l’on tire parti de chaque modalité. D’ailleurs, nombre de CFA (centres de formation d’apprentis) et d’organismes de formation continue se réorganisent autour de parcours mixtes combinant des séquences en centre et des séquences en ligne, signe que le modèle “100 % présentiel” cède la place à des formules innovantes mixant les approches.

En définitive, le piège serait de voir le distanciel comme une fin en soi, alors que ce n’est qu’un moyen parmi d’autres dans l’arsenal pédagogique. La question que doit se poser un organisme est : quelle est la meilleure modalité pour chaque objectif et chaque séquence de ma formation ? Si le tout-en-ligne s’y prête, très bien. Mais si un mélange est optimal, il serait dommage de s’en priver sous prétexte de digitalisation à tout prix. D’ailleurs, les apprenants eux-mêmes expriment souvent le souhait d’une approche équilibrée. Selon les enquêtes du Baromètre de la formation, beaucoup plébiscitent le e-learning pour sa commodité, et en même temps restent attachés à des moments en présentiel pour la pratique et les interactions humaines. Écouter ces attentes, c’est s’assurer de délivrer une formation qui maximise à la fois la qualité pédagogique et la satisfaction des stagiaires.

Conclusion : Réussir sa transformation digitale sans compromis

Passer du présentiel au digital est un exercice délicat, qui nécessite de la rigueur et une vision stratégique. Comme nous l’avons vu, les écueils potentiels sont nombreux – du défaut de conception pédagogique à l’isolement des apprenants, en passant par la sous-estimation des ressources ou l’oubli des normes de qualité. Cependant, chacun de ces pièges peut être évité à condition d’adopter une démarche réfléchie et centrée sur l’humain.

Une formation à distance réussie n’est pas une simple transposition technologique : c’est une nouvelle offre, repensée autour des besoins de l’apprenant adulte moderne, de ses motivations et de ses contraintes. En mobilisant les apports de l’andragogie, en exploitant intelligemment les possibilités du numérique (interactivité, adaptativité, données d’apprentissage) et en maintenant un haut niveau d’accompagnement, il est tout à fait possible d’atteindre – voire de dépasser – la qualité d’une formation en présentiel.

En conclusion, passer du présentiel au digital sans compromettre la qualité ni l’engagement est un défi à la portée de ceux qui placent l’apprenant et la qualité au centre de leurs préoccupations. Planifiez avec soin, formez-vous aux meilleures pratiques, mesurez vos résultats et améliorez-vous en continu. Ainsi, vos formations en ligne ne seront pas de pâles copies virtuelles, mais de véritables expériences d’apprentissage enrichissantes, contribuant pleinement au développement des compétences de vos publics – et au rayonnement de votre organisme dans l’écosystème de la formation professionnelle.


Bibliographie

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  2. Nafti, S. (2024). 1 335 900 formations suivies dans le cadre du CPF en 2023 (Dares). Centre Inffo, Le Quotidien de la formation, 11 juillet 2024.
  3. Trocquemé, C. (2025). L’apprentissage à distance dans le viseur de l’État, les professionnels se mobilisent. Centre Inffo, 17 avril 2025.
  4. DRIEETS Île-de-France (2022). Guide à l’usage des organismes de formation professionnelle franciliens – Focus FOAD. Ministère du Travail, juin 2022.
  5. Ministère du Travail (2024). Référentiel national qualité – Guide de lecture Qualiopi (version janv. 2024). DGEFP, République Française.
  6. Mon Compte Formation – EDOF (2023). Qu’est-ce que la certification qualité Qualiopi ? Aide en ligne, Caisse des Dépôts et Ministère du Travail.
  7. Concordia University (2024). Pourquoi les adultes apprennent différemment : six principes guidant l’éducation permanente. Article du 20 novembre 2024, site de l’Université Concordia (Canada).
  8. Dewez, S. (2021). « On apprend toujours seul, mais jamais sans les autres » – La présence à distance. Fiche pratique, AUPeN, CNAM.
  9. Dussarps, C. (2015). L’abandon en formation à distance : analyse socioaffective et motivationnelle. Revue Distances et médiations des savoirs, n°10, OpenEdition.
  10. Neuropédagogie.com (2022). Durée de l’attention et cours magistral. Article du 27 septembre 2022 par P. Roulois.
  11. HEC Montréal (2025). L’apprentissage expérientiel – Le cycle de Kolb. Article pédagogique du 28 août 2025.
  12. Code du travail (articles L.6313-1, L.6313-2, D.6313-3-1, etc.).
  13. OECD – IIEP UNESCO (2020). A quel point est-ce bien ? Le problème de la qualité de l’apprentissage en ligne. Learning Portal.

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