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Créer une communauté engagée autour de votre marque de formation

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#48

Dans un paysage de la formation professionnelle en pleine mutation en France, les organismes de formation et les formateurs indépendants cherchent de nouveaux leviers pour se démarquer et pérenniser leur activité. Parmi ces leviers, la création d'une communauté engagée autour de sa marque de formation émerge comme une stratégie clé. Il s'agit de développer un véritable sentiment d'appartenance chez vos apprenants, clients, formateurs et partenaires – un lien qui va bien au-delà de la simple relation client-fournisseur. Un tel réseau communautaire peut devenir un atout stratégique, en renforçant la fidélisation de vos publics, la qualité de vos prestations et votre réputation. Cet article, rédigé dans une perspective institutionnelle, propose une analyse approfondie du sujet. Nous mobiliserons des sources officielles et scientifiques de premier plan (DARES, OCDE, INSEE, France Compétences, publications universitaires, etc.) et les théories d'experts en formation des adultes (andragogie, apprentissage expérientiel, communautés de pratique, etc.) pour éclairer les bénéfices et les modalités de création d'une communauté de marque solide. Enfin, nous présenterons des pistes concrètes pour animer cette communauté de manière durable, en intégrant des notions clés telles que la pédagogie, l'ingénierie pédagogique, l'AFEST, le digital learning, les compétences, le CPF, les référentiels de qualité (Qualiopi) ou encore le suivi post-formation (ex. bilan de compétences).

(NB : Les citations chiffrées renvoient aux références bibliographiques complètes en fin d'article. Ces sources officielles et académiques appuient les propos développés.)

1. Contexte : un secteur concurrentiel où l'engagement fait la différence

Le marché de la formation professionnelle en France est à la fois vaste et très concurrentiel. D'après les données officielles, pas moins de 67 600 organismes de formation continue déclaraient une activité en 2017, pour un chiffre d'affaires cumulé de 14,9 milliards d'euros 1. En 2023, la liste publique tenue par l'État comptait plus de 120 000 organismes de formation enregistrés, dont près de 45 000 certifiés Qualiopi 2. Ces chiffres témoignent d'une offre pléthorique où chaque organisme – du grand centre de formation au formateur indépendant – doit rivaliser d'attraits pour attirer et retenir les apprenants. Parallèlement, les modalités d'accès à la formation ont été bouleversées par des réformes et outils numériques récents. Le Compte Personnel de Formation (CPF), accessible via une application grand public, a permis à des centaines de milliers de personnes de choisir librement leurs formations. Ainsi, rien qu'en 2023, plus de 1,33 million de formations ont été suivies via le CPF 3 (certes en baisse par rapport au pic de 2021-2022, en raison de mesures de régulation 4). Cette autonomie accrue des apprenants – qui comparent les offres et les avis en ligne, et mobilisent leur budget formation individuellement – intensifie la compétition entre prestataires.

Dans ce contexte, se contenter d'une relation transactionnelle (fournir une formation contre paiement) ne suffit plus pour assurer la pérennité d'une entreprise de formation. Les responsables d'organismes doivent désormais penser en termes d'expérience apprenant globale et de lien à long terme. Cela implique de dépasser la logique du « one shot » (une formation = un client ponctuel) pour construire une relation continue et engageante. Autrement dit, transformer ses clients en membres d'une communauté soudée autour de la marque et de ses valeurs. Cette approche communautaire s'inscrit dans une tendance marketing plus large : face à des consommateurs plus volatils, les marques cherchent à fédérer des communautés de fidèles partageant une identité et des intérêts communs. Comme l'explique le professeur Bernard Cova, pionnier du marketing tribal, on observe un « nécessaire passage à la communauté » pour renforcer l'attachement à la marque 5 6. Dans une communauté de marque, les interactions entre membres créent une pression positive encourageant chacun à rester fidèle au groupe et, par ricochet, à la marque elle-même 7. Ce principe s'applique pleinement au domaine de la formation : un stagiaire ou un apprenant qui se sent partie prenante d'un groupe uni autour d'un organisme aura tendance à lui rester loyal, à poursuivre avec lui son développement de compétences, voire à le recommander activement à d'autres.

Du point de vue de l'apprenant, intégrer une communauté active apporte également une valeur ajoutée notable. Suivre une formation professionnelle n'est plus seulement acquérir un savoir ou un diplôme : c'est aussi entrer dans un réseau d'échanges, de partage d'expériences et de soutien mutuel. Pour beaucoup d'adultes en reprise de formation, le sentiment de ne pas être seul dans son parcours compte énormément. On le constate a contrario dans les motifs d'abandon de formation : selon une étude de la DARES menée en 2019, 13% des stagiaires ayant interrompu leur formation évoquent des problèmes relationnels avec les formateurs ou les autres stagiaires 8. Un climat individualiste ou isolé peut donc contribuer au décrochage. À l'inverse, créer du lien social entre apprenants peut renforcer leur motivation et leur persévérance. D'une manière générale, une personne plus engagée et entourée aura moins de risques de « décrocher ». L'indicateur 12 du référentiel Qualiopi – centré sur l'engagement des apprenants et la prévention des abandons – insiste d'ailleurs sur la nécessité de dispositifs d'accompagnement et d'entraide pour maximiser la réussite des stagiaires 9 10. Nous y reviendrons. En somme, dans un univers où l'apprenant a l'embarras du choix, réussir à développer un sentiment d'appartenance autour de sa marque de formation peut faire toute la différence en termes de fidélisation, de réussite des formations et de visibilité positive.

2. Au-delà du lien client-fournisseur : le sentiment d'appartenance à une marque de formation

Développer une communauté autour de sa marque de formation, c'est avant tout changer de paradigme relationnel. Plutôt que de considérer chaque apprenant comme un client à servir ponctuellement, on le considère comme un membre durable d'un collectif animé par l'organisme de formation. La relation n'est plus simplement verticale (organisme → client) mais horizontale et multiple : elle inclut les interactions entre apprenants, entre anciens et nouveaux, entre formateurs et formés, etc., avec l'organisme jouant le rôle de pivot ou de facilitateur. Cette évolution s'aligne avec le concept de communauté de marque (brand community) bien connu en marketing. Une communauté de marque se définit comme un groupe de personnes qui partagent une admiration et des pratiques communes vis-à-vis d'une marque, et qui interagissent entre elles dans ce cadre 11 12. Les recherches menées dès les années 2000 (Muniz et O'Guinn, McAlexander et al., etc.) ont montré que l'appartenance à une telle communauté peut fortement accroître la loyauté affective envers la marque 13 14. En effet, le lien affectif et social qui unit les membres rend la relation à la marque plus résistante : « on ne casse pas facilement un lien affectif avec un groupe de gens avec lesquels on a conscience de former un groupe à part et pour lesquels on a une obligation morale d'entraide » souligne Cova 15. Appliqué à un organisme de formation, cela signifie que créer un esprit de communauté apprenante rend vos clients moins enclins à vous abandonner pour un concurrent, parce qu'ils ne veulent pas perdre le lien social et professionnel tissé autour de vos offres.

Aller au-delà de la simple relation client-fournisseur, c'est donc cultiver ce sentiment d'appartenance précieux. Un dirigeant d'organisme de formation aura avantage à ce que ses stagiaires ne se considèrent pas juste comme des consommateurs achetant un stage, mais comme des « membres » d'une "famille” professionnelle ou d'un réseau de pairs. L'enjeu est de créer une identité collective autour de la marque : valeurs partagées (par exemple l'importance de la pédagogie active, de l'innovation, de l'entraide), intérêts communs (un secteur d'activité, un métier, ou tout simplement la volonté de se former en continu), et codes ou rituels fédérateurs. On peut faire le parallèle avec les "tribus" de clients fidèles décrites par Michel Maffesoli puis par Bernard Cova dans la littérature marketing : ces tribus de passionnés développent leurs propres rituels et traditions, s'organisent en clubs, en événements, et exercent une influence normative sur leurs membres 16 17. Dans le domaine de la formation, cela peut se traduire par exemple par la tenue régulière de rencontres d'alumni (anciens apprenants) – virtuelles ou présentielles – par la création de groupes d'échange en ligne, par le partage de « success stories » inspirantes, ou encore par l'animation de communautés de pratique thématiques.

Le volet identitaire est essentiel : un apprenant engagé doit pouvoir dire « je fais partie de la communauté de [votre marque] » avec fierté. Certaines grandes écoles, universités ou plateformes de formation l'ont bien compris en misant sur le sentiment de club. Sans citer de concurrents directs, on peut évoquer le succès d'initiatives communautaires dans le champ éducatif : par exemple, des réseaux d'anciens élèves (alumni) extrêmement actifs, ou des forums en ligne très dynamiques autour de MOOCs ou de bootcamps, où les apprenants continuent d'échanger bien après la fin du cours. Le CPF lui-même, avec sa logique de plateforme, intègre une dimension communautaire indirecte via les avis publics et notations des formations suivies par les utilisateurs. Un organisme dont la communauté est engagée bénéficie souvent de meilleurs retours d'expérience en ligne, donc d'une meilleure visibilité et e-réputation sur MonCompteFormation et autres annuaires.

Il convient aussi de noter que le passage à une relation communautaire transforme le rôle de l'organisme de formation. Comme le résume le tableau comparatif de Cova, on passe d'une situation où « l'entreprise est le pôle central de la relation » à une situation où « l'entreprise est le support des relations entre clients » 18 19. Autrement dit, votre organisme n'est plus seulement vu comme un prestataire, mais comme une plateforme d'interactions au sein d'un réseau vivant. Cette posture demande humilité et ouverture : l'entreprise doit parfois accepter de perdre un peu de contrôle sur les échanges pour laisser la communauté prospérer. Des auteurs évoquent à ce titre la nécessité, pour la marque, de passer à un « discours non-marchand » dans ses échanges avec la tribu de clients 20. Dans le secteur de la formation, cela signifie qu'il ne s'agit pas de transformer votre communauté en espace de publicité permanente de vos offres. Il faut avant tout que les échanges portent sur la passion d'apprendre, le métier ou les compétences qui rassemblent vos membres, sans arrière-pensée commerciale directe à chaque interaction. Cette authenticité est cruciale pour instaurer une confiance durable. Si les membres ont le sentiment que la communauté existe uniquement pour vendre, ils ne s'y engageront pas de bon cœur. En revanche, s'ils y trouvent une valeur intrinsèque (apprendre des autres, rester informés, être soutenus dans leurs projets professionnels), ils associeront positivement cette expérience à votre marque.

En résumé, développer un sentiment d'appartenance autour de votre organisme de formation implique de valoriser l'aspect communautaire de la relation. C'est créer un environnement où vos apprenants et partenaires se sentent partie d'un collectif actif, où le succès de chacun est célébré et où l'entraide prime. Une telle communauté transcende la simple transaction économique : elle fait de votre marque un acteur social dans la progression de carrière de vos clients. Cette orientation correspond à l'esprit même de la formation professionnelle tout au long de la vie : accompagner les individus dans une démarche continue de développement, ce qui dépasse largement la prestation ponctuelle. Nous allons à présent examiner les bénéfices concrets qu'un organisme de formation peut attendre d'une communauté engagée, puis les fondements théoriques qui légitiment cette approche (du point de vue pédagogique et andragogique).

3. Les bénéfices concrets d'une communauté de marque de formation engagée

Pourquoi investir du temps et des ressources pour bâtir une communauté, au lieu de se concentrer uniquement sur la vente et la délivrance de formations ? La question mérite d'être posée, surtout dans les petites structures où l'on peut craindre que l'animation communautaire détourne de l'activité principale. En réalité, de nombreuses études et retours d'expérience montrent que les bénéfices d'une communauté engagée sont multiples, à la fois pour l'organisme et pour les apprenants. En voici les principaux :

  • Fidélisation accrue et rétention des apprenants : C'est le premier avantage, le plus intuitif. Un apprenant qui se sent lié à votre organisation par un réseau de relations aura davantage tendance à revenir vers vous pour de futures formations ou prestations. Il manifestera une fidélité attitudinale supérieure, c'est-à-dire un attachement émotionnel à votre marque au-delà du simple besoin ponctuel 21 22. Par analogie, dans le marketing de la grande consommation, on constate que les marques qui ont su créer des communautés de fans (ex. Harley-Davidson dans la moto, Apple dans la tech) bénéficient d'une clientèle prête à rester fidèle malgré les alternatives, parce qu'il y a un affect collectif. Pour un organisme de formation, cela peut signifier un taux de réinscription plus élevé (des anciens stagiaires reviennent pour d'autres modules, d'autres thématiques), une meilleure activation du bouche-à-oreille (vos membres deviennent des ambassadeurs spontanés auprès de leurs collègues ou entourages), et in fine une base d'apprenants réguliers qui sécurise votre activité. À l'heure où le taux de rupture de parcours peut être élevé dans certains dispositifs, cette fidélisation est précieuse. Rappelons qu'en formation professionnelle continue, environ 1 personne en recherche d'emploi sur 10 abandonne sa formation en cours 23 – un chiffre non négligeable. En diminuant ce taux d'abandon via plus d'engagement communautaire, vous améliorez mécaniquement la réussite de vos actions (ce qui est évalué dans vos indicateurs qualité).
  • Amélioration de l'engagement et de la réussite pédagogiques : Une communauté d'apprenants offre un environnement propice à un apprentissage plus riche et plus durable. En effet, l'entraide et les échanges informels au sein du groupe renforcent l'ancrage des connaissances. Comme le note un cabinet spécialisé, « la création d'une communauté d'apprenants [...] augmente considérablement l'impact de l'apprentissage par l'entraide et l'échange et booste l'implication des apprenants, qui deviennent de véritables acteurs de leur apprentissage et de celui des autres » 24. Autrement dit, les apprenants ne se contentent plus de consommer passivement un cours : ils co-construisent du savoir, s'expliquent mutuellement des notions, partagent leurs trucs et astuces, etc. Les sciences de l'éducation abondent dans ce sens, soulignant les vertus du social learning. Des pratiques collaboratives bien menées ont un effet bénéfique objectivé sur les résultats d'apprentissage et même sur le bien-être des participants 25. L'Inspection générale de l'éducation a montré en 2022 que la collaboration entre pairs permet à « tous les élèves de progresser » dans le secondaire 26 ; on peut transposer cette conclusion aux adultes en formation : apprendre ensemble est plus efficace que d'apprendre seul. Concrètement, une communauté engagée vous aidera à diminuer les abandons (les personnes se motivent entre elles pour finir le cursus), à augmenter le taux de complétion des parcours (critère suivi notamment via Qualiopi 9), et à améliorer le taux de satisfaction des stagiaires. À titre d'illustration, un organisme public notait en 2023 un taux de satisfaction moyen de 8/10 sur ses formations et expliquait ces bons résultats par l'accent mis sur les échanges entre apprenants 27. Même si ce chiffre ne s'applique pas à tous, il reflète une tendance : plus l'apprenant est actif et soutenu, plus il juge la formation positivement.
  • Renforcement de la qualité (au sens du référentiel Qualiopi) : La démarche communautaire s'inscrit parfaitement dans une logique d'amélioration continue de la qualité. Le référentiel national qualité (Qualiopi) valorise plusieurs points que la présence d'une communauté peut faciliter. D'une part, le critère 6 de Qualiopi stipule « l'inscription et l'investissement du prestataire dans son environnement professionnel » 28. Animer une communauté d'anciens apprenants ou de partenaires participe clairement de cet investissement dans un écosystème métier. Vous montrez que vous ne travaillez pas en vase clos, mais en réseau actif avec les acteurs de votre secteur (formateurs, entreprises clientes, apprenants, etc.). D'autre part, le critère 7 du référentiel exige « le recueil et la prise en compte des appréciations et réclamations des parties prenantes » 28. Or, qui mieux que votre communauté peut vous fournir un retour d'information régulier ? En maintenant le contact avec vos stagiaires après la formation, via un groupe d'échange par exemple, vous disposez d'un canal naturel pour récolter des feedbacks, des témoignages, voire des critiques constructives. Plutôt que de se limiter à une enquête de satisfaction à chaud, vous pouvez observer sur la durée comment vos apprenants utilisent les compétences acquises, quelles difficultés ils rencontrent, quels compléments ils souhaiteraient. Cette intelligence collective est une mine d'or pour améliorer vos dispositifs. En somme, la communauté devient un outil de veille qualité en continu. Cela peut aussi aider à la co-construction de nouvelles offres : vos membres les plus engagés pourront participer à des ateliers de conception (véritable démarche d'ingénierie pédagogique participative), bêta-tester de nouveaux modules de formation, ou contribuer à des référentiels de compétences. Cette approche collaborative rejoint les principes modernes de “design thinking” appliqués à la formation.
  • Effet réseau et développement de carrières : Pour les apprenants, faire partie d'une communauté autour d'un organisme de formation comporte des avantages professionnels directs. Ils peuvent y trouver des opportunités de networking, des contacts dans leur secteur, des mentors, voire des offres d'emploi partagées par d'autres membres. Ainsi, l'organisme de formation devient non seulement un lieu d'apprentissage, mais aussi un catalyseur de carrière. Pensez par exemple à un bilan de compétences : après un tel bilan (qui est une action de formation très personnalisée), un individu peut se retrouver un peu seul face à son projet de reconversion. Si votre organisme qui a animé le bilan dispose d'une communauté d'anciens bénéficiaires de bilans ou de coachings, la personne peut y puiser du soutien, échanger avec d'autres en reconversion, partager ses doutes et progrès. Ce réseau informel prolonge l'impact du bilan de compétences bien au-delà de la prestation initiale. De même, dans des domaines techniques, vos anciens stagiaires peuvent continuer à échanger des bonnes pratiques via le groupe : par exemple des développeurs web formés chez vous qui s'entraident sur un forum maison pour résoudre des problèmes techniques rencontrés en entreprise. Cet apprentissage continu informel rejaillit positivement sur votre image : vos succès deviennent les leurs, et vice-versa.
  • Différenciation marketing et image de marque renforcée : Disposer d'une communauté fidèle constitue un argument marketing de poids. Cela donne à votre marque une image de sérieux, de profondeur et de convivialité. Aux yeux d'un prospect qui compare plusieurs organismes, voir qu'une entreprise propose des clubs d'alumni, anime un blog collaboratif ou organise des webinaires communautaires est très rassurant. C'est le signe qu'il y a une vie autour de la formation, une dynamique. Pour un décideur formation en entreprise, par exemple, le fait que l'organisme entretienne un réseau d'anciens peut signifier que les compétences acquises seront pérennisées et mises à jour grâce à cette communauté (donc un meilleur ROI de la formation). Votre marque employeur s'en trouve aussi améliorée : les formateurs et intervenants auront envie de rejoindre une structure qui fédère une communauté active, car cela valorise leur travail et élargit leur propre réseau. À l'ère du digital, ces communautés sont souvent visibles sur les réseaux sociaux (LinkedIn, Twitter, groupes Facebook, etc.) ce qui accroît votre audience organique. Des contenus générés par la communauté (témoignages, posts, partages d'articles) peuvent circuler et attirer de nouveaux publics sans investissement publicitaire direct. En marketing, on parle de UGC (User Generated Content) – du contenu créé par les utilisateurs – qui est l'un des atouts des communautés de marque car il confère authenticité et crédibilité à la communication 29. On voit ici tout le contraste avec une relation client-fournisseur classique : dans cette dernière, le client une fois servi disparaît du radar jusqu'à éventuellement un prochain achat. Dans la relation communautaire, le client reste présent et actif, il devient co-ambassadeur. Il n'y a pas de meilleure publicité qu'un ancien apprenant qui vante spontanément votre formation à son entourage professionnel.

En synthèse, les bénéfices d'une communauté engagée autour de votre offre de formation se mesurent en termes de loyauté, de qualité pédagogique, de réduction du décrochage, d'amélioration continue, de réseau professionnel et de visibilité. Évidemment, ces avantages ne se concrétisent pleinement qu'à condition d'animer efficacement la communauté, ce qui représente un travail régulier. Avant d'aborder les stratégies concrètes pour y parvenir (cf. section 5), il est utile d'examiner les fondements théoriques et pédagogiques qui sous-tendent l'importance des communautés en formation d'adultes. En d'autres termes, pourquoi et comment une communauté amplifie-t-elle l'apprentissage et l'engagement ? C'est l'objet de la section suivante, qui fera appel à des notions d'andragogie, de psychologie de l'apprentissage et de sciences de l'éducation.

4. Fondements théoriques : pédagogie des adultes, apprentissage social et communautés de pratique

Plusieurs courants théoriques en formation des adultes éclairent le rôle crucial des interactions sociales et du sentiment d'appartenance dans les processus d'apprentissage. Loin d'être un simple gadget marketing, la création d'une communauté s'enracine dans des principes andragogiques solides. Rappelons que l'andragogie est la science et la pratique de l'éducation des adultes, par opposition à la pédagogie (éducation des enfants). Malcolm Knowles, figure emblématique de l'andragogie, a formulé dès les années 1970 des principes qui font toujours référence aujourd'hui. Deux de ces principes sont particulièrement pertinents ici : d'une part, « l'expérience est la base de toute activité d'apprentissage pour les adultes », et d'autre part « les adultes doivent pouvoir être impliqués dans les décisions liées au dispositif d'éducation mis en place » 30. La première affirmation signifie que les apprenants adultes construisent du sens à partir de leurs expériences vécues – ils apprennent mieux en partageant, confrontant et analysant leurs propres expériences et celles des autres. La seconde souligne l'importance de la participation active de l'adulte dans son apprentissage (co-construction, choix, auto-direction). Or, qu'est-ce qu'une communauté d'apprentissage sinon un lieu où les expériences de chacun sont mises en commun et où l'apprenant prend une part active (il n'est plus un simple récepteur, il devient contributeur) ? Le cadre communautaire permet précisément de tirer parti du bagage d'expériences de chaque membre, en offrant un espace d'échange. Il répond aussi au besoin d'auto-direction cher à Knowles : dans une communauté, l'adulte peut orienter ses questions, demander l'aide de ses pairs sur tel ou tel sujet, donc personnaliser son parcours.

Le psychologue Albert Bandura parlait, lui, d'apprentissage social pour décrire le fait qu'une grande partie de nos apprentissages se fait par observation et imitation des autres (modélisation). Dans une communauté, les mécanismes de mentorat informel et d'émulation jouent à plein : les membres voient les réussites de leurs pairs, s'en inspirent, et bénéficient de conseils concrets. Bandura identifiait des facteurs clés comme l'attention portée aux comportements modèles et la reproduction de ceux-ci 31. En pratique, un apprenant dans un groupe va naturellement observer comment les autres s'y prennent, par exemple pour valider une certification, pour résoudre un cas pratique, etc., et va intégrer ces apprentissages vicariants. Le social learning est d'ailleurs en vogue dans les nouvelles modalités de formation en ligne : bien que seulement environ un tiers des entreprises aient formellement intégré le social learning dans leurs dispositifs digitaux en 2024 32, cette part est en progression. Les plateformes LMS modernes incluent souvent des forums, des chats, des outils collaboratifs, conscients que l'interaction enrichit le e-learning. On parle de "communauté d'apprenants" en réseau : ce concept, théorisé notamment par des chercheurs comme Roxanne Laferrière, met l'accent sur un apprentissage actif fondé sur la collaboration grâce aux outils numériques 33 34. Ainsi, le digital learning se conçoit de moins en moins comme un parcours solitaire : les classes virtuelles, les groupes dédiés sur Slack ou Teams, les communautés sur LinkedIn sont autant de façons d'introduire de la collaboration synchrone ou asynchrone dans les formations à distance. Cela prolonge l'idée déjà ancienne des communautés de pratique.

Le concept de communauté de pratique mérite une mention particulière. Introduit par Etienne Wenger (1991) à partir d'observations en entreprise, il désigne un groupe de personnes qui partagent une passion ou un métier et qui interagissent régulièrement pour apprendre ensemble comment mieux exercer cette passion ou ce métier. Les communautés de pratique sont fondées sur l'échange d'expériences et la construction d'un répertoire commun de connaissances. Elles ont trois caractéristiques : un domaine partagé (le sujet qui intéresse le groupe), une communauté (des relations entre membres qui apprennent les uns des autres) et une pratique (un corpus de savoirs, techniques, outils, que le groupe enrichit) 35 36. De nombreuses organisations ont encouragé la formation de telles communautés en interne pour stimuler le learn-by-doing et l'innovation. Dans la formation professionnelle, on peut voir chaque session de formation comme le germe potentiel d'une communauté de pratique : après avoir suivi ensemble un parcours, les apprenants qui retournent sur le terrain forment naturellement un réseau pouvant continuer à échanger sur les bonnes pratiques. L'AFEST (Action de Formation en Situation de Travail), introduite par la loi de 2018, est un exemple d'approche qui peut s'enrichir d'une dimension communautaire. L'AFEST repose sur l'idée que le travail lui-même est un levier majeur de développement des compétences, à condition d'être assorti de phases réflexives structurées 37 38. Concrètement, un salarié apprend sur le tas, puis prend du recul avec un tuteur/formateur pour analyser son action. Si l'entreprise où se déroule l'AFEST cultive une communauté de pratique interne (par exemple des groupes d'échanges de pratique entre salariés suivant un même AFEST), l'apprentissage sera d'autant plus efficace. On rejoint ici le cycle de l'apprentissage expérientiel de David Kolb : expérience concrète, observation réfléchie, conceptualisation, expérimentation active. Kolb a montré que sans prise de recul, l'expérience ne produit pas pleinement du savoir transférable 39. Or, cette réflexion post-expérience peut être grandement facilitée par le groupe : discuter ensemble de ce qui a marché ou non permet de formaliser les enseignements. Dans une communauté d'apprenants, on multiplie ces occasions de réflexion collective sur l'action.

Un autre grand nom de la formation des adultes, Jack Mezirow, a développé la théorie de l'apprentissage transformateur. Selon Mezirow, les adultes apprennent de façon profonde (transforment leurs cadres de référence) notamment grâce à la réflexion critique sur leurs expériences et au dialogue avec autrui dans un climat de confiance et d'empathie 40. Il considère même que la validité de tout apprentissage transformationnel repose sur deux piliers : la réflexion autonome et le dialogue empathique au sein d'une communauté de pairs 40. En d'autres termes, pour qu'un individu revoie ses conceptions et progresse, il lui est souvent nécessaire de pouvoir en discuter avec d'autres, confronter ses idées, entendre des témoignages divergents, etc. Le groupe sert de miroir et de soutien dans le processus de changement. Par exemple, une personne suivant une formation de remise à niveau peut gagner en confiance en entendant d'autres apprenants exprimer les mêmes difficultés – ensemble, ils relativisent leurs erreurs, et trouvent des solutions en commun. Cela rejoint des approches psychosociologiques comme les groupes de parole, les communautés d'apprentissage réflexif, etc. Même dans des apprentissages plus techniques, la présence d'une communauté permet de dédramatiser l'échec (on voit que d'autres ont trébuché puis réussi), de stimuler l'esprit critique (les apprenants s'interpellent mutuellement, posent des questions que l'on n'aurait pas pensé à poser seul) et de renforcer l'estime de soi (le soutien du groupe aide à surmonter les moments de découragement).

Enfin, la notion d'"apprenance", popularisée en France par le chercheur Philippe Carré, peut éclairer notre sujet. L'apprenance" décrit une attitude ou disposition favorable à l'apprentissage tout au long de la vie, à la fois du point de vue individuel et organisationnel. Philippe Carré plaide pour un « renversement de perspective qui engage à penser d'abord la formation comme un engagement cognitif et motivationnel du sujet social » 41. Autrement dit, la clé de la réussite en formation réside dans l'engagement personnel de l'apprenant. « L'investissement personnel dans l'apprentissage est la condition sine qua non de l'efficience en formation », affirme-t-il sans ambages 42. Ce postulat incite les organismes à créer les conditions de cet investissement personnel maximal. Et l'un des meilleurs moyens d'y parvenir est de nourrir la motivation et l'enthousiasme via le collectif. Une "écologie de l'apprenance" – pour reprendre un terme de Carré – peut inclure la mise en place de communautés où chacun trouve un soutien, une reconnaissance et des ressources pour apprendre de façon autonome 43. Car, comme il le rappelle, on peut beaucoup apprendre sans formateur, mais « on ne peut pas former sans apprenant » – il faut donc donner au sujet envie d'apprendre 44. La communauté, en rendant l'apprentissage plus ludique, plus social, plus ancré dans la réalité, alimente cette envie et ce plaisir d'apprendre qu'on observe chez les "apprenants" les plus efficaces.

En résumé, qu'il s'agisse des principes de l'andragogie (expérience et participation), des théories de l'apprentissage social (Bandura), de l'apprentissage transformationnel (Mezirow) ou de l'apprenance (Carré), tous convergent vers l'idée que l'apprentissage est un phénomène social autant qu'individuel. L'humain est un apprenant social, qui a besoin des autres pour comparer ses compréhensions, s'auto-évaluer, se motiver et donner du sens à ce qu'il apprend. Créer une communauté engagée, c'est en quelque sorte mettre en œuvre ces principes théoriques sur le terrain : c'est fournir un contexte optimal pour que chaque apprenant s'implique pleinement et profite de l'intelligence collective. C'est aussi élargir la formation au-delà du temps formel (salle de classe ou e-learning) pour en faire un processus continu, où la communauté prolonge l'apprentissage "à chaud” par un apprentissage "à froid" réparti dans le temps. Forts de ces fondements, passons maintenant à la pratique : comment, concrètement, créer et animer une communauté autour de sa marque de formation ?

5. Stratégies pour créer et animer une communauté autour de votre marque

Mettre en place une communauté engagée ne s'improvise pas. Cela requiert une véritable stratégie d'animation sur le long terme, qui doit être intégrée à la gestion de votre organisme au même titre que le développement de nouvelles offres ou la relation commerciale. Dans cette section, nous proposons des leviers opérationnels et des bonnes pratiques pour bâtir votre communauté de marque, en tenant compte des spécificités de la formation professionnelle. Chaque organisme pourra adapter ces conseils à sa taille, son public et ses ressources, mais les principes directeurs restent valables pour tous.

5.1. Définir la vision et les valeurs fédératrices de votre communauté

Avant même de créer les premiers canaux de discussion, il est crucial de clarifier l'identité de la communauté que vous souhaitez bâtir. Posez-vous la question : autour de quoi rassemble-t-on les gens ? Il peut s'agir d'une thématique métier (par ex. une communauté des professionnels de la pédagogie et de l'ingénierie pédagogique, si vous formez des formateurs), d'un secteur (une communauté des apprenants de la filière digitale, si vous êtes un organisme spécialisé en digital learning), ou d'une appartenance à votre marque elle-même (les "Alumni de [Nom de votre organisme]"). Définissez clairement la proposition de valeur de la communauté pour ses membres : apprendre ensemble, s'entraider pour certifier des compétences, partager des ressources pédagogiques, networker dans un secteur, etc. Cette proposition de valeur doit être alignée avec vos valeurs d'entreprise. Par exemple, si votre organisme met en avant l'innovation pédagogique et l'andragogie, la communauté pourra se donner pour mission d'échanger sur des méthodes innovantes de formation pour adultes, de tester de nouveaux outils, etc. Si votre identité est plutôt liée à un territoire (une communauté locale de formateurs en région), misez sur le sentiment de proximité. Nommer la communauté de façon explicite peut aider (ex. “Les ambassadeurs de la formation inclusive communauté [Nom de l'organisme]"). En ayant une vision claire dès le départ, vous pourrez communiquer un message cohérent aux futurs membres sur ce qu'ils trouveront dans ce cercle et ce qu'on attend d'eux.

Également, définissez quelques règles du jeu ou chartes de communauté qui reflètent vos valeurs : bienveillance, respect de la parole de chacun, confidentialité éventuelle des échanges internes, pas de démarchage commercial agressif, etc. Ces principes garantissent un climat de confiance, indispensable pour que la communauté prospère. N'oubliez pas que dans « communauté » il y a la notion de commun : il faut que vos membres se sentent unis par quelque chose de plus grand que la transaction. Vos communications introductives devraient insister sur la mission commune ("faire progresser ensemble la compétence X”, “promouvoir l'excellence de la formation Y”, “aider chacun à réaliser son projet pro", etc.). C'est ce qui va créer le ciment émotionnel du groupe.

5.2. Identifier et inviter les premiers membres (apprenants, formateurs, partenaires)

Une communauté, même en ligne, se construit d'abord avec de l'humain. Il est donc important d'identifier qui en fera partie et comment les engager dès le départ. Typiquement, les premières cibles sont : vos anciens apprenants, vos apprenants actuels, vos formateurs et intervenants réguliers, et possiblement des partenaires proches (tuteurs en entreprise, recruteurs d'apprentis, etc.). Commencez par les publics qui ont le plus d'affinité avec vous. Par exemple, vos anciens stagiaires qui ont exprimé une grande satisfaction ou qui vous sollicitent encore pour des conseils informels – ce sont des candidats idéaux pour devenir membres actifs. Vous pouvez initialement les inviter personnellement, en expliquant la démarche. Un message du type : "Vous avez suivi telle formation chez nous, nous lançons un club des apprenants pour continuer à échanger et à vous offrir des ressources, souhaitez-vous en faire partie ?" sera généralement bien accueilli, surtout s'il est personnalisé. Capitalisez sur l'enthousiasme de vos "fans" de la première heure.

Il peut être utile de constituer un petit noyau dur de membres fondateurs avec lesquels vous allez co-créer le fonctionnement de la communauté. Par exemple, 5 à 10 personnes volontaires (anciens apprenants et formateurs mélangés) avec qui vous organisez une première réunion de brainstorming : quels sujets les intéressent, quel format d'échange préfèrent-ils, à quelle fréquence, etc. Impliquer des membres dans la conception même de la communauté accroît leur sentiment d'appartenance et vous donne de précieuses idées. On rejoint ici la notion de "communauté spontanée" : il est plus facile de nourrir une communauté qui répond à un vrai besoin exprimé par ses membres. Peut-être que lors de ces échanges initiaux, vous découvrirez que vos anciens stagiaires se sentent isolés après la formation et rêvent d'un forum pour poser des questions techniques – ou qu'ils aimeraient avoir accès à des webinaires d'approfondissement périodiques. Essayez de satisfaire ces besoins dans l'offre de la communauté.

Au démarrage, il est préférable de ne pas viser un nombre trop grand. Une communauté qui commence petit (quelques dizaines de personnes motivées) a plus de chance d'avoir des interactions de qualité qu'une masse de 500 inscrits dont 490 silencieux. L'engagement est plus important que le volume initial. Vous pourrez toujours étendre par la suite. D'autant qu'une fois que la communauté aura fait ses preuves, d'autres viendront d'eux-mêmes (vos futurs stagiaires demanderont peut-être spontanément comment rejoindre le groupe après leur formation). En pratique, vous pouvez officialiser l'entrée dans la communauté dès la fin d'une formation : par exemple lors de la clôture d'un stage, remettre aux participants un "passeport alumni" avec le lien vers le groupe, ou les inscrire d'office (avec leur consentement) à la newsletter communautaire. L'idée est d'institutionnaliser l'existence de la communauté dans le parcours client.

Pensez également à vos collaborateurs internes (formateurs salariés, chargés de formation...) : ce sont des membres essentiels de la communauté car ils peuvent apporter des réponses expertes, modérer les échanges, partager des actualités. De plus, cela renforce chez eux le sentiment d'appartenance à l'entreprise. Par exemple, un formateur qui voit d'anciens stagiaires progresser grâce à la communauté en tirera de la fierté et aura envie de continuer à les accompagner de manière informelle. C'est gagnant-gagnant.

5.3. Choisir les outils et plateformes adaptés

Le choix des canaux de la communauté doit se faire en fonction de votre public et de vos ressources. Les options abondent : cela peut aller du groupe LinkedIn à un forum privé sur votre site web, en passant par un espace communautaire dans votre LMS, un groupe Facebook, un salon Slack/Discord, une mailing-list ou même des rencontres physiques périodiques (meet-ups, ateliers, petit-déjeuners). Chaque outil a ses avantages et inconvénients.

Quelques critères pour décider :

  • Accessibilité et habitudes : Où vos publics sont-ils déjà présents et actifs ? Par exemple, les formateurs indépendants et les professionnels B2B sont souvent très présents sur LinkedIn – créer un groupe LinkedIn privé peut donc être naturel pour eux (ils n'auront pas à se connecter à une plateforme supplémentaire). Au contraire, si vos apprenants sont plutôt des particuliers ou qu'ils utilisent beaucoup Facebook, un groupe Facebook peut marcher. Pour des promotions d'alternants ou d'étudiants, un serveur Discord ou WhatsApp peut être pertinent (ils l'utilisent déjà dans leur vie quotidienne). L'idée est de réduire au maximum les freins techniques. Une communauté ne prendra vie que si poster un message est simple et intuitif pour vos membres.
  • Richesse fonctionnelle : Les plateformes dédiées (par ex. un forum intégré au site) permettent souvent plus de structuration : on peut créer des fils de discussion par thème, avoir une modération fine, etc. Des solutions open-source de forum (telles que Discourse) ou des modules communautaires dans les LMS offrent un contrôle accru. À l'inverse, un groupe sur un réseau social est plus basique (fil de posts chronologique) mais bénéficie des fonctionnalités natives (notifications push sur smartphone, partages facilités, etc.). Vous pouvez également opter pour un outil collaboratif déjà en place : par exemple, si durant la formation vous utilisiez Microsoft Teams, ouvrez un canal "Communauté des anciens" sur Teams – ainsi vos apprenants conservent l'accès et l'habitude de cet environnement. De même, un espace Google Drive ou SharePoint partagé peut servir à co-construire et stocker des ressources utiles (bibliothèque de documents, FAQ collective...).
  • Modération et confidentialité : Sur un groupe public (Facebook, LinkedIn), veillez aux paramètres de confidentialité. Il est souvent conseillé de créer un groupe privé (visible ou invisible selon le cas) pour que les échanges restent dans la sphère de confiance. Les membres doivent se sentir libres de parler de leurs difficultés ou de leurs réussites sans craindre un jugement externe (surtout s'ils échangent sur leur entreprise, leurs perspectives de carrière, etc.). Assurez-vous de nommer un ou plusieurs administrateurs/modérateurs (typiquement vous-même ou un collègue) pour valider les inscriptions et veiller au respect de la charte.
  • Compatibilité Qualiopi / RGPD : En tant qu'organisme certifié ou en voie de l'être, pensez aux aspects conformité. Par exemple, pour l'indicateur sur le suivi des apprenants, vous pourriez conserver des éléments de preuve issus de la communauté (compte-rendus d'échanges, statistiques de participation) montrant le soutien post-formation. Mais attention à la protection des données personnelles : obtenez le consentement des membres si vous utilisez leurs données de participation dans vos évaluations. De même, évitez d'imposer une plateforme qui collecte abusivement des données ou qui pourrait être mal vue (certains grands groupes proscrivent WhatsApp par exemple). Une alternative si la confidentialité est cruciale : créer votre intranet communautaire accessible avec identifiant (c'est plus d'effort à mettre en place).

Dans la pratique, beaucoup d'organismes démarrent simplement avec un groupe LinkedIn ou Facebook parce que c'est rapide à créer. Par la suite, selon l'ampleur prise, ils migrent vers un environnement plus maîtrisé. Vous pouvez aussi opter pour une approche mixte : par exemple, un groupe LinkedIn pour les discussions générales et la visibilité, et un espace sur votre site pour des contenus exclusifs ou des échanges sensibles.

N'oubliez pas non plus les outils de communication classiques pour soutenir la communauté : une newsletter communautaire mensuelle peut rappeler les faits marquants (nouvelles discussions, portrait d'un membre, agenda des événements...), un blog alimenté par les contributions des membres peut diffuser du contenu à toute la communauté et au-delà, etc. L'important est que les membres aient plusieurs points de contact et que la communauté soit "omnicanale" - présente où ses membres se trouvent.

5.4. Animer la communauté au quotidien : contenus, interactions et rituels

Une fois les personnes et les outils en place, le défi principal est d'animer la communauté de manière régulière pour la faire vivre. Sans animation, la plupart des communautés en ligne s'essoufflent (beaucoup de groupes LinkedIn d'alumni meurent faute de discussions actives). Voici des clés pour maintenir un haut niveau d'engagement:

  • Donner le ton par l'exemple : Au démarrage, vous (en tant que community manager de fait) devez montrer ce que vous attendez en postant vous-même du contenu et en initiant des échanges. Par exemple, partagez un article intéressant en lien avec une compétence que vous enseignez et posez une question ouverte : “Que pensez-vous de cette nouvelle réglementation CPF ? Comment vous impacte-t-elle ?" ou "Avez-vous déjà utilisé telle méthode pédagogique innovante mentionnée dans cet article ?". Au-delà des articles, vous pouvez poster une astuce métier apprise lors d'une formation, un retour d'expérience d'un formateur, etc. Encouragez les membres à réagir. Petit à petit, des "leaders informels" peuvent émerger parmi les membres les plus actifs – n'hésitez pas à les valoriser (remerciez-les publiquement pour leurs contributions, proposez-leur de coanimer un webinar, etc.).
  • Stimuler les contributions des membres : Pour qu'une communauté soit engagée, il faut que les membres se sentent autorisés et encouragés à prendre la parole. Posez régulièrement des questions dans le groupe ("Quel est votre plus grand défi actuellement dans votre pratique ?"), lancez des petits sondages ludiques, invitez les membres à partager leurs victoires (“Félicitations à X qui vient d'obtenir la certification Y, raconte-nous comment tu t'y es pris !"). Lorsqu'un membre pose une question ou partage un succès, soyez réactif et valorisez cela : un “like”, un commentaire félicitant ou ajoutant un conseil... Montrez que ces interactions sont le cœur du groupe. Vous pouvez institutionnaliser le partage d'expérience par des rubriques récurrentes. Par exemple, instaurer le "#LundiAstuce” : chaque lundi, un membre (tour à tour) donne une astuce qu'il a apprise. Ou le "café virtuel du vendredi" : une visioconférence informelle où chacun peut venir discuter 30 minutes en toute simplicité. Ces rituels créent des rendez-vous attendus.
  • Fournir du contenu exclusif : Pour motiver l'adhésion et la participation, offrez à votre communauté des choses qu'elle ne trouvera pas ailleurs. Par exemple : l'accès gratuit ou prioritaire à des webinaires ou masterclass organisés par votre organisme avec des experts, l'envoi d'invitations à des événements (salons professionnels, conférences), des ressources pédagogiques supplémentaires (un e-book, une infographie récapitulative, un modèle de document). Ce contenu peut être créé par vous ou, mieux, par les membres eux-mêmes (certains aiment partager leurs propres réalisations). Vous pouvez aussi proposer des défis collectifs (ex. un challenge de développement de compétence sur 1 mois, où chacun partage son avancée chaque semaine). L'objectif est que les membres sentent qu'appartenir à la communauté leur apporte une valeur concrète dans leur vie professionnelle.
  • Faciliter l'entraide et le mentorat : Organisez la communauté de sorte que ceux qui ont besoin d'aide puissent facilement la demander, et que ceux qui peuvent aider se manifestent. Par exemple, mettez en place un fil dédié “Questions des membres" ou un système de hashtags (ex. #QuestionTechnique, #ConseilCPF...). Lorsque quelqu'un pose une question, s'il n'y a pas de réponse rapide, taguez directement un membre expert du sujet ("@Jean, toi qui as suivi cette formation, aurais-tu des pistes ?"). Vous pouvez également instaurer un programme de mentorat interne : des volontaires expérimentés (“mentors”) se proposent pour guider de nouveaux membres ("mentorés") sur un thème précis. Par exemple, un formateur chevronné peut mentorer un formateur débutant issu de vos formations de formateurs. Ces binômes ou petits groupes créent du lien fort et renforcent le sentiment communautaire.
  • Organiser des rencontres (virtuelles ou physiques) : Rien ne remplace totalement le contact humain direct pour souder une communauté. Si vos membres sont géographiquement proches, envisagez de temps à autre des rencontres en présentiel : réunions d'alumni, ateliers pratiques dans vos locaux, sessions de networking autour d'un café. Si la distance est un obstacle, les rencontres virtuelles sont désormais faciles : webinaires interactifs, sessions Zoom ouvertes où chacun peut intervenir, lives sur LinkedIn ou YouTube avec chat. Par exemple, vous pourriez organiser chaque trimestre une "Rencontre de la communauté [Nom]" autour d'un thème d'actualité (réforme de la formation, nouvelles approches pédagogiques, etc.) avec un panel de 2-3 membres qui partagent leur point de vue, suivi d'une discussion ouverte. Ce genre d'événement donne de la visibilité à la communauté et crée un rendez-vous régulier. Il peut aussi attirer de nouveaux membres curieux de découvrir le groupe.
  • Célébrer les réussites et marquer les étapes : Un principe clé pour engager sur la durée est de reconnaître les contributions et les accomplissements. Soulignez quand un membre atteint un objectif (ex: "Félicitations à @Sophie qui vient de finaliser son VAE avec succès !"). Mettez en avant périodiquement un "portrait de membre" dans la newsletter ou le blog : une interview rapide d'un apprenant montrant son parcours, ses conseils. Cela personnalise la communauté et inspire les autres. N'hésitez pas à fêter les milestones du groupe lui-même : par exemple, les "un an" de la communauté, le 100e membre, la 1000e contribution postée, etc. Ce sont des moments parfaits pour remercier tout le monde, réaffirmer les valeurs communes et éventuellement faire un petit concours ou cadeau symbolique (livre à gagner, code promo sur une formation, goodies de l'organisme). Ce genre de célébration crée une culture de groupe – vos membres auront le sentiment de faire partie d'une aventure collective qui avance.
  • Écouter et ajuster en continu : L'animation communautaire n'est pas figée ; il faut être à l'écoute du groupe. Régulièrement, demandez des retours : “Qu'aimeriez-vous voir de plus dans la communauté ? Y a-t-il des initiatives que vous souhaiteriez lancer ?". Peut-être que les membres exprimeront le besoin d'une nouvelle rubrique, ou qu'ils trouvent la fréquence des sollicitations trop élevée, etc. Soyez prêt à adapter le format. Par exemple, si vous notiez une baisse de participation, interrogez-vous : le contenu est-il toujours pertinent ? Faut-il renouveler les sujets ? Parfois, renouveler le comité d'animation (impliquer de nouveaux membres modérateurs) peut redynamiser l'ensemble. L'important est de ne pas laisser la routine s'installer au point de l'ennui. Une communauté doit rester vivante, évoluer comme un organisme. C'est du temps et de l'énergie, mais les bénéfices évoqués plus haut en valent la peine.

5.5. Mesurer l'impact et valoriser la communauté

En tant que dirigeant ou responsable, vous aurez sans doute besoin de justifier en interne (voire en externe) le temps passé sur la communauté. Il est donc utile de suivre quelques indicateurs et de valoriser les résultats obtenus. Par exemple, mesurez : le nombre d'inscrits dans la communauté vs le nombre total de stagiaires formés (taux d'adhésion), le taux d'activité (combien postent ou participent par mois), le taux de réponse aux questions posées (signe d'entraide effective), etc. Plus qualitativement, relevez des cas concrets où la communauté a fait la différence : tel apprenant qui allait abandonner sa formation a été remotivé grâce aux encouragements du groupe ; tel autre a trouvé un emploi par le réseau ; un formateur a amélioré son module suite aux feedbacks des membres... Ce genre d'anecdotes étayées peut figurer dans vos bilans ou rapports qualité. Par exemple, pour Qualiopi, si vous montrez que grâce à la communauté vous avez pu recueillir plus de 50 retours post-formation et mettre en place 3 actions d'amélioration, c'est un excellent élément pour l'audit (cela démontre une démarche proactive au-delà des minima requis).

Vous pouvez aussi intégrer la communauté dans votre offre commerciale : sans citer de concurrents, on peut dire que certains organismes mettent en avant l'accès à la communauté comme partie du "package” de formation. Par exemple : “En rejoignant notre cursus, vous intégrez une communauté active de 500 professionnels – un véritable accélérateur pour votre carrière.” Si votre communauté a atteint une masse critique et une qualité d'échange reconnue, c'est un argument différenciant à communiquer. Pensez donc à rendre visibles certaines activités : par exemple, publier (avec accord des intéressés) un témoignage d'entraide sur LinkedIn (“Merci à nos anciens qui ont conseillé nos stagiaires actuels dans le choix de leur certification, la #communautéArgalis en action !"), ou même rédiger un article (comme celui-ci !) sur l'importance de la communauté dans votre approche pédagogique. Cela contribue à asseoir l'image sérieuse et approfondie de votre marque.

Enfin, valorisez aussi en interne (auprès de votre équipe) les succès de la communauté. Si vous avez un service commercial distinct, partagez avec lui les retombées positives : souvent, les prospects mentionnent l'existence de la communauté comme un facteur de décision ("un tel m'a parlé de votre groupe, ça m'a donné confiance"). Montrer que la communauté génère de la recommandation vous aidera à obtenir le soutien de tous en interne pour continuer l'investissement. Une communauté forte devient un actif immatériel de l'entreprise, au même titre que la qualité de vos formateurs ou vos certifications.

6. Points de vigilance et facteurs de succès à long terme

La création d'une communauté de marque ne va pas sans défis. De nombreuses tentatives échouent par manque de préparation ou d'implication. Pour conclure cet exposé, il convient de souligner quelques échecs à éviter et les facteurs clés de succès pour que votre communauté reste pérenne et utile.

Échecs courants :

  • L'approche trop centrée "entreprise" : Si la communauté est perçue comme un énième canal pour vous autopromouvoir, elle ne prendra pas. Comme le conseillent les experts du marketing tribal, il faut savoir lâcher prise sur le discours commercial 20 45. La communauté n'est pas un "club VIP" où vous poussez vos produits, c'est un espace d'échange. Chassez le jargon publicitaire, soyez dans une posture authentiquement tournée vers l'apprenant. Certaines entreprises ont même choisi de ne pas modérer outre mesure les critiques négatives dans leurs communautés, pour montrer qu'elles jouent la transparence. Sans aller jusqu'à tolérer la diffamation, acceptez que les membres puissent discuter de faiblesses ou de manques – et servez-vous-en pour progresser.
  • Le manque d'engagement de l'animateur : Lancer la communauté avec enthousiasme puis, après trois mois, la laisser à l'abandon faute de temps est fatal. Les membres sentiront vite l'inertie et partiront. Si vous n'êtes pas sûr de pouvoir dégager du temps, mieux vaut mobiliser quelqu'un (par exemple un collaborateur qui aime la communication) pour piloter l'animation, ou même des membres bénévoles. Institutionnalisez ce rôle : dans vos fiches de poste, dans votre planning hebdomadaire, réservez un créneau pour la communauté. Au début, l'effort est significatif (poster presque chaque jour, répondre quasi en temps réel). Par la suite, si la sauce prend, la dynamique devient plus auto-entretenue et le rôle de l'animateur évolue en modération légère.
  • Une dimension communautaire forcée artificiellement : Créer une communauté doit répondre à un réel besoin des apprenants. Si votre secteur ou votre pédagogie ne s'y prête pas du tout (mais c'est rare qu'il n'y ait aucune communauté possible), ou si vos clients n'ont pas de temps à y consacrer, il faut en être conscient. Par exemple, viser de construire une communauté avec des dirigeants ultra-solitaires et pressés pourrait être ambitieux – ou alors il faut adapter le format (communauté très passive type "club d'information” plutôt qu'échange quotidien). En général, toutefois, même des publics initialement peu enclins peuvent participer si on leur en montre l'intérêt concret. Veillez aussi à ce que la communauté ne se transforme pas en fourre-tout commercial : si des prestataires extérieurs ou même des membres commencent à utiliser le groupe pour prospecter agressivement les autres (ex : un membre consultant qui spamme avec ses offres de service), ça déplaira. Il faut modérer ce genre de comportement et éventuellement rappeler la règle : on n'est pas là pour se vendre mutuellement des choses, mais pour apprendre ensemble (les opportunités d'affaires peuvent surgir naturellement, mais ne doivent pas envahir l'espace).

Facteurs de succès :

  • Authenticité et empathie : Une bonne communauté se reconnaît souvent à son ambiance chaleureuse. En tant qu'animateur, adoptez un ton humain, bienveillant, parfois un peu d'humour si approprié (sans familiarité excessive cependant, surtout si vous gardez une voix institutionnelle). Montrez de l'empathie envers les difficultés exprimées. Par exemple, si un membre dit qu'il n'arrive pas à boucler le parcours e-learning faute de temps, ne le moralisez pas, mais comprenez et voyez comment la communauté peut l'aider (en lui suggérant de former un mini-groupe de travail, etc.). Cette qualité relationnelle de l'animation fera que les membres se sentiront en confiance et oseront s'exprimer, ce qui est le carburant du groupe.
  • Reconnaissance et empowerment des membres : Impliquez vos membres dans la gouvernance de la communauté. Par exemple, créez un “comité des membres" tournant : un petit groupe élu ou volontaire qui vous aide à décider des thèmes à aborder, organise des événements, etc. Donnez des "badges" ou statuts honorifiques aux plus contributeurs (par ex. "Mentor Or", "Expert CPF", etc., visibles sur leur profil si la plateforme le permet). Faites-leur comprendre que la communauté est la leur autant que la vôtre. Lorsque des idées viennent d'eux, soutenez-les : si un membre propose de créer un sous-groupe régional ou thématique, étudiez la faisabilité et accompagnez l'initiative. Plus les membres se sentiront co-créateurs, plus ils seront investis.
  • Évolution continue : Une communauté doit savoir se renouveler pour éviter l'essoufflement. Au fil du temps, vous devrez peut-être renouveler les formats (ajouter un podcast communautaire, lancer un nouveau programme de mini-formations internes animées par des membres, etc.). Tenez compte des changements de profil de vos apprenants. Par exemple, si vous commencez à former beaucoup de personnes sur un nouveau métier, intégrez cette nouvelle population dans le groupe et créez des ponts avec les anciens. Surveillez aussi les évolutions technologiques : aujourd'hui les échanges se font beaucoup par messagerie instantanée ? Peut-être faut-il compléter votre dispositif par un groupe WhatsApp ou Telegram si ça facilite la discussion en mobilité (avec discernement pour ne pas multiplier trop les canaux). Innover en communauté peut aussi être un thème en soi – n'hésitez pas à demander aux membres les idées qu'ils aimeraient tester.
  • Mesure et communication des succès : On en a parlé, mais c'est un facteur de pérennité. Si vous pouvez démontrer que la communauté a permis, par exemple, de faire passer le taux de complétion de vos formations de 85% à 95% en un an, ou qu'elle a généré 10 inscriptions via le parrainage cette année, ce sera un argument massue pour poursuivre son animation. Communiquez ces succès en interne (direction, finance) pour ancrer l'idée que la communauté fait partie intégrante du modèle économique et de la mission sociale de votre organisme.

En définitive, créer une communauté engagée autour de votre marque de formation est un travail de longue haleine, qui nécessite un vrai leadership et de la patience. Les bénéfices ne se mesurent pas toujours en jours ou semaines, mais sur le long terme, les résultats peuvent transformer votre activité : des apprenants plus fidèles, plus satisfaits, qui progressent mieux et qui deviennent vos ambassadeurs, une image de marque solide comme gage de qualité, et une contribution au développement professionnel continu bien au-delà de vos salles de cours.

7. Conclusion : un investissement durable pour un impact multiple

Développer un sentiment d'appartenance communautaire autour de votre organisme de formation, c'est investir dans le capital humain et relationnel de votre entreprise. Au-delà des chiffres d'affaires et des indicateurs immédiats, c'est construire une aventure collective où chaque parcours individuel s'enrichit au contact des autres. Dans un univers de la formation professionnelle en pleine évolution – marqué par la digitalisation, la modularisation des compétences, la recherche de qualité et de sens – la communauté de marque apporte une réponse à la fois moderne et profondément humaine. Moderne, car elle utilise les ressorts des réseaux et du collaboratif pour optimiser l'expérience apprenant (social learning, peer mentoring, etc.). Humaine, car elle replace le lien social, la confiance et l'entraide au cœur du processus formatif, rejoignant en cela les intuitions des grands pédagogues sur l'importance du groupe dans l'apprentissage.

Nous avons vu qu'une communauté engagée crée de la valeur à plusieurs niveaux : fidélisation client, efficacité pédagogique, amélioration continue, réseautage professionnel, différenciation concurrentielle. Ces atouts répondent directement aux enjeux actuels des organismes de formation. Il ne s'agit pas d'une mode passagère, mais bien d'une orientation stratégique alignée avec la notion de formation tout au long de la vie. En effet, si la formation est un continuum, la communauté en est le fil rouge : elle permet de garder le contact entre l'avant, le pendant et l'après d'une action de formation, tissant une continuité d'apprentissage.

Argalis, en tant qu'éditeur de solutions pour les acteurs de la formation, s'inscrit pleinement dans cette vision d'un écosystème collaboratif et apprenant. Nous croyons qu'en outillant et en inspirant les organismes de formation pour qu'ils créent leur propre communauté de marque, c'est tout le secteur de la formation professionnelle qui gagne en qualité et en cohésion. Créer une communauté engagée autour de votre marque de formation, c'est finalement élargir votre mission : vous ne vous contentez plus de dispenser un savoir, vous animez un milieu où ce savoir vit, évolue et se diffuse. Vous passez d'un rôle de fournisseur à celui de facilitateur, de catalyseur de compétences. C'est un défi stimulant, qui demande du dévouement et de la sincérité, mais dont les fruits – en termes d'impact sur les individus et de réussite collective – sont immensément gratifiants.

En guise de mot de la fin, retenons cette idée-force : former, ce n'est pas seulement transmettre des connaissances, c'est aussi former une communauté. Et comme l'a formulé un adage bien connu : « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. » Dans le domaine de la formation professionnelle, aller plus loin ensemble, n'est-ce pas précisément ce qui permet aux compétences de s'ancrer durablement et aux carrières de s'épanouir ? À vous, organismes de formation et formateurs, de jouer ce rôle fédérateur et d'embarquer vos apprenants dans cette aventure communautaire. Les outils existent, les retours d'expérience abondent, et les théories éducatives vous y encouragent – il ne reste plus qu'à faire le pas, humblement et avec conviction. Votre marque de formation n'en sera que plus forte et plus pérenne, portée par celles et ceux qui lui donnent vie : votre communauté**.

Bibliographie

1. DARES (2021). Quelles personnes en recherche d'emploi abandonnent leur stage en cours de formation et pourquoi ? – Dares Focus n°65, novembre 2021. (Étude statistique sur les abandons de formation des demandeurs d'emploi, incluant taux d'abandon et motifs principaux.) 46 8

2. DARES (2024). Le compte personnel de formation en 2023 – Baisse des entrées en formation suite à plusieurs mesures de régulation. Dares Résultats n°40, 10 juillet 2024, par Johanna Bismuth. (Rapport sur les statistiques d'utilisation du CPF en 2020-2023; chiffre de 1,3359 million de formations CPF en 2023.) 4

3. Ministère du Travail - DGEFP (2024). Référentiel national qualité – Guide de lecture Qualiopi (V9, Janvier 2024). Ministère du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion, version à jour au 08/01/2024. (Document officiel décrivant les 7 critères et 32 indicateurs du référentiel Qualiopi. Cf. critère 6 sur l'inscription dans l'environnement professionnel et critère 7 sur le recueil des appréciations.) 47

4. DARES (site officiel). Formation professionnelle – principaux chiffres. Page web "Politiques de l'emploi et formation professionnelle” (données nationales 2017). (Inclut le nombre d'organismes de formation continue en 2017 – 67 600 – et le volume financier du secteur.) 48

5. Cova, B. (2005). « La fidélisation : de la personnalisation à la tribalisation », Communication & Organisation, n°27, p. 32-43. (Article académique analysant le passage du marketing relationnel classique à une fidélisation par les communautés de marque. L'auteur y décrit comment les interrelations communautaires entre clients renforcent l'attachement à la marque et cite les exemples de marques tribales comme Harley-Davidson, Apple...) 7 49

6. Inspection Générale de l'Éducation (IGÉSR, 2022). Les pratiques collaboratives au service des apprentissages., Rapport n°2021-230, décembre 2022. Ministère de l'Éducation Nationale. (Rapport soulignant les effets positifs des démarches collaboratives entre enseignants et entre élèves sur le bien-être et la réussite. Contient des conclusions généralisables sur l'impact du travail en groupe.) 25

7. Knowles, M. (principes cités par Wikipédia français « Andragogie »). Principes de l'apprentissage des adultes selon Malcolm Knowles. (Référence indirecte : Knowles (1984), The Adult Learner, et travaux antérieurs. Points clés : importance de l'expérience de l'apprenant et de son implication active. Citation des principes 2 et 3 via Wikipédia.) 30

8. Carré, P. (2013). « De la formation à l'apprenance : renverser les perspectives », in E. Bourgeois & S. Enlart (dir.), Apprendre dans l'entreprise, Presses Univ. de France. (Chapitre théorique où Philippe Carré définit le concept d'apprenance". Extrait cité sur la nécessité de l'engagement cognitif et motivationnel de l'apprenant, et l'investissement personnel comme condition d'efficacité.) 42

9. Mezirow, J. (2000). Learning as Transformation: Critical Perspectives on a Theory in Progress. Jossey-Bass. (Ouvrage fondateur sur la théorie de l'apprentissage transformationnel. D'après une analyse secondaire (Lecoq, 2018, revue Phronesis vol.7(3)), Mezirow met l'accent sur la réflexion critique individuelle ET le dialogue au sein d'une communauté empathique comme piliers de l'apprentissage chez l'adulte.) 40

10. ANACT (2019, mise à jour 2025). "Qu'est-ce qu'une action de formation en situation de travail (AFEST) ?" Article web, Agence Nationale pour l'Amélioration des Conditions de Travail, 15/11/2019 (dernière modif. 17/03/2025). (Présentation détaillée du dispositif AFEST : principes pédagogiques de l'apprentissage en situation de travail avec phases réflexives. Souligne que le travail est un matériau pédagogique et qu'il faut prévoir une analyse collective de l'expérience.) 37 38

11. Axess Conseil & Formation (2021). "Augmenter l'impact de vos formations par les communautés d'apprenants." Blog Axess, 01/01/2021. (Article expliquant l'intérêt des communautés d'apprenants en entreprise. Insiste sur l'entraide, l'échange, la prolongation de l'apprentissage au-delà de la formation présentielle, etc. Extrait cité sur l'impact en termes d'entraide et d'implication des collaborateurs.) 24 50

12. LearnThings - R. Campenon (2024). "123 statistiques et chiffres clés sur la formation en ligne en 2025." Article web du 17/10/2024, maj 25/11/2024. (Compilation de données du secteur du digital learning, incluant des chiffres de l'ISTF 2024. Fourni ici pour la statistique sur la part des entreprises utilisant le social learning – ~28 à 34% en 2024 – et l'usage des modalités en blended.) 51

(Les références ci-dessus sont fournies pour approfondissement. Elles comprennent des sources gouvernementales françaises – DARES, Ministère du Travail, IGÉSR – des travaux de recherche ou théoriques d'experts (Cova, Carré, Mezirow, Knowles) et des analyses sectorielles. Elles témoignent de l'effort d'appuyer cet article sur des documents officiels et scientifiques de haute qualité, en cohérence avec les exigences de sérieux d'Argalis.)

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