Contexte : un marché de la formation en quête d'engagement
Le secteur de la formation professionnelle en France connaît une concurrence intense et une évolution rapide. Près de la moitié des adultes de 18 à 69 ans suivent chaque année au moins une formation. L'essor du compte personnel de formation (CPF) a grandement facilité l'accès direct des individus aux offres de formation : les entrées en formation financées par le CPF ont presque quadruplé entre 2019 et 2021. Parallèlement, la diversification de l'offre s'est accompagnée de pratiques hétérogènes en matière de qualité, ce qui a conduit le législateur à instaurer la certification Qualiopi afin d'harmoniser les standards du secteur. Depuis janvier 2022, tous les organismes de formation souhaitant des financements publics doivent ainsi prouver le sérieux de leurs prestations, notamment en diffusant une information accessible et détaillée sur chaque programme (objectifs, modalités, résultats obtenus). Dans ce contexte, gagner l'attention et la confiance des publics - financeurs, entreprises et apprenants - est devenu stratégique.
Pourtant, de nombreux adultes aspirant à se former renoncent encore en chemin. En 2022, 8 % des personnes auraient souhaité suivre une formation sans y parvenir, souvent faute d'informations suffisantes, de disponibilité ou de moyens financiers. À l'échelle internationale, l'OCDE souligne que la motivation est un levier décisif : les pays où une forte proportion d'adultes expriment l'envie de se former sont précisément ceux où la participation à la formation tout au long de la vie est la plus élevée. Il est donc crucial pour les organismes de formation et formateurs indépendants de stimuler cette envie d'apprendre et de lever les freins perçus. L'art du storytelling - ou mise en récit - apparaît dès lors comme un outil puissant pour captiver le public, émouvoir en donnant du sens, et in fine convertir l'intérêt en passage à l'action (inscription, achat d'une formation, engagement dans un parcours). Raconter une histoire pertinente permet de se démarquer dans un univers saturé d'offres, tout en renforçant l'image de sérieux et de profondeur de l'organisme de formation auprès de son audience.
Le storytelling : de l'art ancestral à l'outil marketing
Storytelling signifie littéralement "art de raconter une histoire". Il s'agit d'une technique ancestrale de communication, utilisée de tout temps pour transmettre valeurs et savoirs, qui a été transposée avec succès dans les domaines du marketing, de la pédagogie et du leadership. Raconter des histoires fait intrinsèquement partie de la condition humaine : selon des chercheurs, plus de la moitié du contenu de nos conversations quotidiennes consiste en des récits personnels ou des anecdotes. Comme l'écrit le spécialiste Jonathan Gottschall, « la narration est pour un humain comme l'eau pour un poisson — complètement englobante et presque impalpable ». Autrement dit, nous pensons et apprenons spontanément en termes d'histoires. Ce penchant naturel peut devenir un atout puissant lorsqu'il est mis au service de la communication d'une offre de formation.
En marketing, le storytelling vise à créer une connexion émotionnelle avec sa cible en structurant le message sous forme narrative plutôt que comme une liste de caractéristiques. Il ne s'agit pas d'inventer une fiction fantaisiste, mais de présenter la réalité de vos formations à travers le prisme d'une histoire significative. Cette histoire peut être celle d'un formateur visionnaire, celle d'une entreprise cliente ayant relevé un défi grâce à la formation, ou celle d'un apprenant dont le parcours a été transformé par vos enseignements. L'important est qu'elle résonne avec le vécu du public visé et lui donne matière à s'identifier. En formation professionnelle, cela revient par exemple à montrer comment une compétence acquise peut résoudre un problème concret ou améliorer une situation professionnelle. On passe d'un discours purement informatif ("voici le programme, voici le prix") à un récit engageant ("voici comment cette formation a changé la donne pour X, et pourrait le faire pour vous").
Cette approche narrative n'est pas qu'un effet de mode marketing : elle s'appuie sur des bases solides en sciences de l'éducation et en sciences cognitives. L'andragogie – la pédagogie appliquée aux adultes, conceptualisée par Malcolm Knowles – enseigne que les adultes apprennent mieux lorsque l'apprentissage est pertinent, contextualisé et volontaire. Knowles a notamment observé que « les adultes ont besoin de savoir pourquoi ils doivent apprendre quelque chose avant de s'engager » dans une formation. Ils cherchent à relier les nouveaux apprentissages à leurs expériences préalables et à des objectifs concrets de développement professionnel ou personnel. Ainsi, une présentation de formation purement théorique ou trop abstraite risque de peu motiver un public adulte. À l'inverse, raconter une histoire autour de la formation - par exemple l'histoire d'une personne qui, grâce à cette formation, a atteint un objectif qui parle aux apprenants potentiels – permet de donner immédiatement du sens à la démarche. On explicite le "pourquoi apprendre" de façon vivante, là où une description technique laisserait froid.
En ce sens, le storytelling est un prolongement naturel de l'ingénierie pédagogique : il contribue à l'alignement pédagogique entre les besoins de l'apprenant et le contenu de formation, avant même le démarrage de celle-ci. Il offre un avant-goût narratif de l'expérience d'apprentissage. Un dirigeant d'organisme de formation pourra par exemple évoquer, lors d'une présentation client, une anecdote réelle d'un participant ayant monté en compétences grâce au cursus proposé. Ce récit servira de preuve concrète et parlante de l'efficacité de la formation, en plus des données chiffrées éventuellement fournies (taux de réussite, avis positifs, etc.). Le ton restera institutionnel et factuel, mais la mise en récit apportera une dimension humaine qui capte l'attention. En somme, le storytelling bien utilisé n'est pas en contradiction avec la rigueur ou la conformité Qualiopi : au contraire, il peut aider à diffuser une information transparente et impactante sur les prestations, en rendant vivants les objectifs et résultats visés par la formation.
Pourquoi les histoires captivent les apprenants adultes
Le succès du storytelling s'explique par son impact unique sur le cerveau et sur la psychologie de l'adulte apprenant. Plusieurs études montrent qu'une histoire bien conçue mobilise chez le récepteur des mécanismes cognitifs et émotionnels profonds, favorables à l'attention, à la compréhension et à la mémoire.
Sur le plan cognitif, écouter une histoire est bien plus engageant que d'entendre une présentation factuelle classique. Une narration captivante suscite naturellement la curiosité et l'émotion, deux ingrédients reconnus comme essentiels à l'apprentissage chez l'enfant comme chez l'adulte. Concrètement, se faire raconter une histoire active davantage de régions cérébrales que de recevoir une explication purement didactique. Des chercheurs en neurosciences ont mis en évidence qu'une histoire crée de véritables "empreintes" mentales chez l'auditeur : elle provoque l'activation de zones du cerveau liées aux sens et aux émotions, ce qui conduit à une meilleure mémorisation du contenu et pendant plus longtemps. En d'autres termes, les informations présentées sous forme narrative "s'impriment" plus profondément dans la mémoire. Une histoire génère en effet des images mentales chez le public, l'invitant à se projeter dans la scène décrite et à la relier à sa propre expérience. Cette projection personnelle renforce la compréhension et l'ancrage des messages clés.
Une publication de l'EPALE (plateforme européenne pour l'éducation des adultes) souligne ainsi que « les histoires sont plus faciles à mémoriser que des connaissances formelles. Grâce aux contes, les compétences sont acquises dans un contexte et peuvent être plus facilement intériorisées et liées aux expériences antérieures des apprenants ». Le récit agit comme un contexte pédagogique riche qui donne du sens aux faits présentés. Au lieu d'asséner des chiffres bruts ou des notions isolées, l'histoire les intègre dans une trame cohérente, avec une situation de départ, des obstacles, des solutions et un dénouement. Ce sens global aide l'apprenant à organiser l'information dans son esprit. Comme le résume le projet StoryComp, « au lieu de faits et de chiffres, les histoires donnent du sens et de l'inspiration aux auditeurs ».
Sur le plan émotionnel, une bonne histoire va toucher le cœur de l'auditeur en plus de son intellect. En marketing de la formation, cela signifie qu'au-delà de la liste des objectifs pédagogiques ou du programme, on cherche à émouvoir le prospect - non pas de manière artificielle, mais en faisant appel à des émotions sincères liées à l'apprentissage : la fierté d'avoir surmonté une difficulté, le plaisir de gagner en compétence, la confiance retrouvée après une montée en compétences, etc. Les émotions jouent un rôle catalyseur dans la décision d'achat et dans la motivation à apprendre. Des recherches en neuroéconomie menées par Paul J. Zak ont montré qu'une histoire bien construite induit la libération d'ocytocine, neurohormone de la confiance et de l'empathie, ce qui augmente la propension du public à s'engager et à coopérer. En clair, un récit authentique crée un lien de confiance entre le narrateur (l'organisme de formation) et l'auditeur (le prospect), élément indispensable pour convertir celui-ci en apprenant.
Par ailleurs, une trame narrative avec du suspense, des défis surmontés, des personnages attachants, va générer du stress positif chez l'auditeur (sécrétion de cortisol pendant les moments de tension de l'histoire, adrénaline lors du climax, puis dopamine sur la résolution heureuse). Ce "grand huit" émotionnel maintient l'attention en éveil et aboutit à un sentiment de satisfaction mémorable une fois l'issue connue. Il a été démontré que les histoires à forte teneur émotionnelle améliorent la compréhension des messages clés et leur rappel plusieurs semaines plus tard par rapport à une communication factuelle équivalente. De plus, dans un contexte d'entreprise, les individus sont souvent plus motivés par le sens de leur action (comment leur travail ou leur formation a un impact positif, améliore des vies...) que par de simples arguments commerciaux. Raconter, par exemple, comment une formation a concrètement amélioré la vie professionnelle de plusieurs stagiaires, c'est répondre à cette quête de sens bien mieux qu'une argumentation centrée uniquement sur les fonctionnalités ou le prix de la formation.
Enfin, le storytelling favorise l'identification et l'empathie. En écoutant l'histoire d'un pair (un autre professionnel, un autre formateur, etc.), le public cible se reconnaît dans les dilemmes affrontés et les obstacles surmontés par le protagoniste. Ce mécanisme d'identification est particulièrement important en formation pour adultes, car il valide l'idée que "si d'autres y sont arrivés, moi aussi je peux y arriver". Il donne confiance en la possibilité de changement. Les apprenants adultes apprécient les témoignages de leurs semblables, qui rendent l'apprentissage plus tangible et crédible. C'est d'ailleurs pour cela que les études de cas et retours d'expérience sont si prisés en pédagogie des adultes. Le storytelling marketing, lorsqu'il se base sur des histoires vraies d'apprenants ou d'organisations, agit comme une vitrine vivante de vos succès pédagogiques. Il transforme vos références en récits motivants plutôt qu'en simples listes de clients satisfaits.
En résumé, recourir au storytelling pour promouvoir vos offres de formation revient à mobiliser à la fois la raison et l'émotion de votre audience. Vous éveillez son intérêt, vous nourrissez sa motivation et vous facilitez sa compréhension de la valeur de vos programmes. C'est un moyen de communiquer en profondeur, bien au-delà d'un argumentaire commercial classique, ce qui correspond précisément à l'attente d'un public adulte en recherche de développement de compétences et de sens.
Raconter une histoire qui donne envie d'agir : principes et méthodes
Si le storytelling est un outil puissant, encore faut-il l'appliquer avec méthode et authenticité pour qu'il serve efficacement la vente de vos formations. Voici les principes clés pour construire un storytelling percutant dans le contexte de la formation professionnelle :
- Connaissez votre public et ses enjeux : toute histoire doit être choisie en fonction de l'audience visée. Identifiez le profil de vos apprenants potentiels (âges, secteurs d'activité, niveaux de compétences, objectifs professionnels) et les problématiques qu'ils rencontrent. Un dirigeant d'organisme de formation ciblant des formateurs indépendants n'utilisera pas le même récit qu'un formateur s'adressant à des DRH d'entreprise. Par exemple, les formateurs indépendants seront sensibles à des histoires de réussite d'entrepreneurs de la formation (comment untel a développé son activité grâce à une approche innovante), alors que des responsables formation en entreprise réagiront mieux à une histoire montrant l'impact d'un programme sur la performance des salariés ou le retour sur investissement. Plus votre histoire fera écho aux aspirations et aux difficultés concrètes de votre public, plus elle aura de chances de le captiver. Selon les principes de l'andragogie, l'adulte apprend et s'engage surtout si ce qui lui est proposé répond à un besoin immédiat ou résout un problème qu'il rencontre. Il en va de même en matière de communication : un récit qui adresse les « points de douleur » d'un organisme de formation ou d'un apprenant (ex : difficulté à boucler le financement, manque de temps pour se former, nécessité de se conformer à Qualiopi, etc.) aura un fort pouvoir d'attraction.
- Mettez en scène un personnage central auquel s'identifier : le storytelling efficace repose généralement sur un héros – individuel ou collectif - qui embarque le public dans son aventure. Ce protagoniste peut être un ancien apprenant de votre organisme (par exemple un demandeur d'emploi ayant retrouvé du travail après une formation, ou un salarié ayant évolué vers de nouvelles responsabilités grâce au bilan de compétences suivi chez vous). Cela peut être aussi votre organisme lui-même, à travers son histoire fondatrice : raconter comment et pourquoi vous avez créé votre structure, quelles valeurs vous ont guidé, peut illustrer votre mission d'une façon plus incarnée que de simples slogans. D'après les experts, les « histoires à caractère humain et émotionnel permettent une meilleure compréhension des points clés qu'un orateur souhaite transmettre, et un meilleur rappel de ces points plusieurs semaines plus tard ». N'hésitez pas à humaniser votre propos en montrant les doutes, les défis, les émotions vécues par le personnage central. Un bon storytelling de formation pourrait par exemple décrire “Marie, 45 ans, formatrice indépendante, confrontée à la transition vers le digital learning, qui a pu développer ses compétences numériques et sauver son activité en suivant tel programme". On y voit un début (situation initiale et problème : risque de perte d'activité face au digital), un milieu (péripéties : Marie découvre la formation, hésite, se lance, apprend) et une fin (résolution : elle applique les acquis, élargit sa clientèle, obtient la certification Qualiopi, etc.). Ce schéma simple situation → problème → solution → transformation est au cœur de nombreux récits efficaces. Veillez à ce que le protagoniste reflète votre public cible (ici, d'autres formateurs indépendants pourront facilement se projeter dans le personnage de Marie).
- Structurez votre récit avec une tension narrative : une histoire qui captive comporte un minimum de suspense ou d'adversité à surmonter. Sans tomber dans un dramatisme artificiel, identifiez les obstacles rencontrés dans votre histoire et comment ils ont été dépassés. Dans l'exemple précédent, Marie doit apprendre à utiliser des outils de digital learning, gérer son appréhension de la technologie, trouver un financement CPF, etc. Chaque obstacle franchi grâce à la formation crée une petite victoire dans le récit. Cela maintient l'intérêt de l'auditeur et illustre concrètement les bénéfices de la formation (aide technique, montée en compétence, accompagnement au montage du dossier CPF, etc.). Vous pouvez utiliser la technique bien connue du "storytelling de brand hero” où l'apprenant ou le client est le héros, et votre organisme de formation joue le rôle du "mentor” ou du "guide" (à l'instar de Yoda guidant Luke Skywalker) fournissant les outils pour réussir. Cette approche évite de tomber dans un discours vaniteux centré sur vous-même : elle place le client au centre, vous valorisez sa réussite plutôt que vos mérites, ce qui est bien plus efficace pour convaincre. Rappelez-vous que « quand vous voulez motiver, persuader ou être retenu en mémoire, commencez par une histoire de lutte humaine et de triomphe final. Elle capturera le cœur des gens — en attirant d'abord leur cerveau ». Autrement dit, montrez une lutte (un défi professionnel, une lacune de compétences) puis un triomphe (succès grâce à la formation), et votre message marquera les esprits.
- Éveillez l'émotion, mais restez authentique et factuel : l'émotion est le vecteur principal qui transforme un récit en expérience mémorable. Cependant, en matière de formation professionnelle, l'audience attend aussi du concret et de la crédibilité. Un storytelling réussi doit donc trouver le bon équilibre entre pathos et logos. Il est pertinent d'intégrer dans votre histoire des éléments émotionnels (joie d'obtenir une certification, soulagement d'un apprenant qui a surmonté ses difficultés, passion d'un formateur qui transmet son savoir, etc.) pour engager l'auditoire sur le plan affectif. Cela augmentera son niveau d'attention et d'attachement au récit. Néanmoins, ces éléments émotionnels doivent s'appuyer sur des faits vérifiables. Par exemple, si vous racontez la reconversion réussie d'un apprenant, mentionnez les résultats concrets : diplôme ou certification obtenue, nouvelle fonction occupée, progression salariale, etc. Cela renforcera l'impact de l'histoire tout en rassurant les décideurs sur le sérieux de votre offre. Dans le cadre de Qualiopi, les organismes doivent justement prouver l'atteinte des objectifs et l'impact de leurs actions de formation - quoi de mieux qu'une histoire vécue pour illustrer un taux de réussite ou un gain de compétence ? Veillez également à garder un ton institutionnel conforme à votre image de marque : on évitera l'excès de superlatifs ou un style trop familier. L'histoire peut être racontée avec sobriété et professionnalisme. Par exemple, plutôt que d'écrire « cette formation ultra-révolutionnaire a complètement chamboulé la vie de X », on pourra dire « après cette formation, X a pu décrocher une promotion et se sent désormais légitime dans ses nouvelles fonctions, comme en témoigne son retour d'expérience ». L'enthousiasme doit transparaître de la situation elle-même plus que de qualificatifs emphatiques. En restant authentique (histoires vraies, chiffres réels) et aligné avec la réalité de vos prestations, vous évitez l'écueil d'un storytelling perçu comme du "slogan publicitaire” vide. Au contraire, vous renforcez votre crédibilité tout en suscitant de l'émotion.
- Exploitez les bons canaux et formats narratifs : le support par lequel vous diffusez votre storytelling a son importance. À l'ère du digital learning et de la formation à distance, de plus en plus de contacts avec vos prospects se font via des canaux numériques (site web, réseaux sociaux, webinaires, plateforme MonCompteFormation, etc.). Or, plus de 52 % des formations financées par le CPF se déroulent désormais en distanciel, contre seulement 6 % en 2019. Le numérique est donc un vecteur naturel pour intégrer du storytelling dans votre stratégie marketing. Par exemple, sur votre site web, ne vous contentez pas de lister vos formations : incluez des témoignages vidéos d'apprenants (de courts clips où ils racontent leur parcours et ce que la formation leur a apporté), ou bien rédigez des études de cas sous forme d'articles de blog illustrant des expériences de formation réussies. Ces contenus narratifs amélioreront par ailleurs votre SEO en apportant du texte riche en mots-clés stratégiques (pédagogie, compétences, digital learning, etc.) tout en retenant davantage l'internaute par leur caractère vivant. Sur les réseaux sociaux professionnels (LinkedIn, par exemple), vous pouvez partager des anecdotes ou des infographies racontant une "success story” en formation, ce qui est plus engageant pour votre audience qu'une simple publicité. Lors de webinaires ou de présentations commerciales, pensez à ouvrir avec une courte histoire marquante plutôt qu'avec des slides institutionnels : cela créera d'emblée une connexion humaine. Enfin, si vous animez des sessions en présentiel pour promouvoir vos offres (salons, réunions d'information), vous pouvez recourir au storytelling oral, en invitant par exemple d'anciens stagiaires à venir partager leur vécu. Le format narratif s'adapte à tous les canaux : écriture, vidéo, audio (podcast), illustration, etc. À vous de choisir celui qui correspond le mieux à votre audience et au message. L'important est de maintenir une cohérence de ton et de message sur l'ensemble de ces supports. L'histoire que vous racontez doit être reconnaissable et servir le même fil conducteur, que ce soit en ligne ou en face-à-face.
En appliquant ces principes, vous poserez les bases d'un storytelling solide pour vendre vos formations. On peut les résumer ainsi : connaître son public, raconter la bonne histoire (héro adéquat + structure claire + émotion), et la diffuser de manière cohérente sur les canaux appropriés. Un tel récit, bien construit, agit comme un fil d'Ariane guidant le prospect depuis la découverte de votre offre jusqu'à sa décision de s'inscrire.
Storytelling et qualité de la formation : un levier de confiance et de sérieux
Au-delà de l'accroche marketing, le storytelling peut également renforcer la qualité perçue de vos formations et votre conformité aux attentes institutionnelles. En effet, une histoire bien documentée sur les résultats d'une formation contribue à prouver l'efficacité de celle-ci, ce qui intéresse tout particulièrement les financeurs et certificateurs. Par exemple, dans le référentiel Qualiopi, le critère 1 exige que l'organisme diffuse une information vérifiable sur les prestations et les résultats obtenus. Intégrer des retours d'expérience narratifs dans vos descriptifs de formation, c'est une manière élégante de satisfaire à cette exigence. Plutôt que de simplement afficher un chiffre de réussite (par exemple "95 % de taux de satisfaction"), vous le rendez concret via un récit : "95 % de satisfaction ? Découvrez l'histoire de Paul, l'un de nos apprenants, qui après la formation X a su décrocher le poste qu'il convoitait...". Vous démontrez ainsi que derrière le chiffre se trouvent des personnes réelles dont le parcours a été amélioré, ce qui donne du poids et de la crédibilité à vos indicateurs qualité.
De même, pour un organisme préparant à une certification professionnelle ou un diplôme, raconter comment les apprenants montent en compétences tout au long du parcours permet d'illustrer le respect du référentiel de compétences visé. Vous pouvez structurer votre storytelling en mettant en avant, chapitre après chapitre, les différentes compétences acquises et comment elles ont été mises en œuvre sur le terrain. Cela montre que votre ingénierie pédagogique n'est pas qu'un plan théorique, mais qu'elle aboutit à une transformation observable chez vos stagiaires – ce qui est précisément l'objectif ultime de toute formation.
Le storytelling peut aussi jouer un rôle dans le cadre de dispositifs spécifiques comme l'AFEST (Action de Formation en Situation de Travail). L'AFEST, très encouragée par la réforme de 2018, repose sur l'apprentissage par l'expérience directement sur le poste de travail. Or, qu'est-ce qu'une bonne pratique partagée en AFEST, sinon une histoire professionnelle racontée par un tuteur ou un collègue pour transférer son savoir-faire ? En valorisant ces anecdotes de terrain et en les reliant aux apprentissages formels, vous montrez que votre organisme sait intégrer la dimension informelle et expérientielle dans ses formations. Par exemple, un formateur AFEST pourrait raconter comment un apprenant a résolu un problème réel en appliquant une méthode vue en formation, ce qui illustrera l'efficacité du dispositif. Ces retours narratifs peuvent ensuite être capitalisés (sous forme de retours d'expérience écrits, de fiches “success stories") et servir à la fois à l'amélioration continue en interne et à la promotion de vos méthodes auprès de futurs clients.
Enfin, sur le plan de l'éthique et de la confiance, le storytelling se révèle un allié précieux dans un contexte où certaines pratiques douteuses ont pu éroder l'image du secteur. On pense notamment aux démarchages agressifs liés au CPF ou à des organismes peu scrupuleux qui ont pu promettre monts et merveilles sans délivrer la qualité attendue – des dérives qui ont conduit l'État à renforcer les contrôles en 2022. Face à cela, les organismes de formation sérieux comme le vôtre doivent plus que jamais affirmer leur transparence et leur engagement qualité. Raconter de vraies histoires de réussite, avec honnêteté et précision, c'est se distinguer nettement des pratiques trompeuses. Vous montrez que vos arguments de vente reposent sur des faits vécus et non sur du vent. Un prospect bien informé et touché par ces exemples concrets aura naturellement plus confiance en vous, d'autant que vous lui aurez prouvé connaître intimement le terrain de la formation. Le storytelling devient ainsi un vecteur de réassurance : en partageant les témoignages de vos apprenants et partenaires, vous laissez vos résultats parler pour vous.
En définitive, "vendre une formation" n'est pas un acte purement commercial, c'est aussi inviter quelqu'un à entrer dans un processus d'apprentissage et de développement. Le storytelling permet de formuler cette invitation de la meilleure des façons : en parlant d'humain à humain, en faisant vibrer la corde du développement personnel et professionnel plutôt que celle de la simple transaction financière. C'est un langage qui fait écho aux valeurs profondes de la formation des adultes – autonomie, épanouissement, transmission – tout en répondant aux exigences pragmatiques de rentabilité et de visibilité dans un marché concurrentiel.
Conclusion
Le recours au storytelling pour promouvoir vos formations offre un double bénéfice : il optimise votre référencement et votre visibilité en diffusant du contenu riche, original et engageant sur des mots-clés stratégiques (pédagogie, compétences, digital learning, andragogie, Qualiopi, CPF, etc.), et il renforce la pertinence et la force de conviction de votre discours commercial en le rendant plus humain et mémorable. En captant l'attention par une histoire bien ciblée, en émouvant par des expériences vécues, vous parvenez à convertir de simples curieux en apprenants motivés.
Cette approche narrative ne s'improvise pas : elle requiert une vraie réflexion stratégique, une connaissance fine de vos publics et une sincérité dans la démarche. Mais les organismes de formation et formateurs qui l'adoptent projettent une image de modernité, de compréhension des besoins de leurs clients, et de profondeur intellectuelle. Ils montrent qu'ils s'inscrivent dans une démarche qualité centrée sur l'impact réel de la formation, et non sur des artifices marketing.
En racontant des histoires qui résonnent chez vos interlocuteurs, vous créez un lien émotionnel durable. Vous donnez envie de "passer à l'action", c'est-à-dire de se former, de faire évoluer ses compétences, de soutenir un projet de formation. Pour reprendre les mots de l'expert américain Peter Guber, « les faits sont oubliés, les histoires, elles, perdurent ». Assurez-vous donc que l'histoire que vous laissez dans l'esprit de vos futurs apprenants soit positive, inspirante et porteuse d'action. C'est elle qui fera la différence au moment du choix, et qui fera de votre organisme non pas un prestataire parmi d'autres, mais le partenaire d'une aventure d'apprentissage réussie.
Bibliographie
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- Insee & Dares (2025) – Formation des adultes – Formation tout au long de la vie. Insee Références, édition 2025. Données sur le taux d'accès des adultes à la formation en 2022 (47 % en formation, majoritairement non formelle).
- OCDE (2014) – L'envie d'apprendre vient en apprenant – Participation des adultes à la formation tout au long de la vie. Les indicateurs de l'éducation à la loupe n°22, 01/11/2014. Note de synthèse soulignant notamment le rôle de la motivation dans l'engagement en formation continue.
- Knowles, M. (1990) – L'apprenant adulte – Un négligé de la formation. (Trad. fr. de "The Adult Learner", éd. d'Organisation). Ouvrage fondateur de Malcolm Knowles présentant les principes de l'andragogie. La citation sur le « besoin de savoir pourquoi apprendre avant d'entreprendre une formation » est tirée de la première hypothèse de cet ouvrage.
- El Jammal, S. (2022) – Le storytelling pour améliorer l'éducation des adultes ! Resource Centre EPALE, 29/08/2022. Article présentant le projet européen StoryComp et les apports de la narration dans la formation des adultes (importance du contexte, de l'identification, impact sur la mémorisation des connaissances, etc.).
- KnowledgeOne (2020) – Le cerveau adulte apprend mieux avec des histoires. Blog KnowledgeOne, 19/03/2020. Article de vulgarisation scientifique (C. Meilleur) synthétisant des recherches en neurosciences sur l'impact du storytelling : activation cérébrale, attention, émotions et amélioration de la mémorisation chez l'adulte. Inclut des références à J. Gottschall, H. Hasson et al. (2010), etc.
- Zak, P. (2014) – Why Your Brain Loves Good Storytelling. Harvard Business Review, 28/10/2014. Article de Paul Zak (neuroéconomiste) expliquant comment les récits influencent le cerveau via l'ocytocine et augmentent la propension à l'action coopérative. Résumé traduit en français par la National Storytelling Network.
- Ministère du Travail (2023) – Référentiel national qualité – Guide de lecture Qualiopi (V.9). Document officiel précisant les critères de la certification Qualiopi. Le critère 1 porte sur l'information du public (objectifs des prestations, conditions d'accès, résultats obtenus).
- Nafti, S. (2023) – Compte personnel de formation : 1 851 200 entrées en 2022. Le Quotidien de la formation (Centre Inffo), 03/10/2023. Article s'appuyant sur les données Dares, notant l'inversion entre formations présentiel/distanciel (84 % présentiel en 2019 contre 31 % en 2022, le distanciel passant à 52 %) et la progression des bilans de compétences (+15 % en 2022).
- Insee & Dares (2025) – Compte personnel de formation. Insee Références, publié le 12/02/2025. Analyse des évolutions du CPF de 2019 à 2023 : forte hausse des inscriptions jusqu'en 2021, suivie de mesures de régulation en 2022 face aux abus (interdiction du démarchage téléphonique, renforcement des contrôles via FranceConnect+...). Ce contexte éclaire la nécessité de pratiques marketing éthiques et qualitatives.
1 Formation des adultes - Formations et emploi | Insee
https://www.insee.fr/fr/statistiques/8305544?sommaire=8306008
2, 23 Compte personnel de formation - Formations et emploi | Insee
https://www.insee.fr/fr/statistiques/8305550?sommaire=8306008
3, 4 Référentiel national qualité | Guide de lecture « Qualiopi » | Travail-emploi.gouv.fr | Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles
https://travail-emploi.gouv.fr/referentiel-national-qualite-guide-de-lecture-qualiopi
5, 6 8 % des personnes n'ont suivi aucune formation à but professionnel dans l'année alors qu'elles l'auraient souhaité - Formations et emploi | Insee
https://www.insee.fr/fr/statistiques/8305560?sommaire=8306008
7 L'envie d'apprendre vient en apprenant | OCDE
https://www.oecd.org/fr/publications/l-envie-d-apprendre-vient-en-apprenant-participation-des-adultes-a-la-formation-tout-au-long-de-la-vie_5jxsslw21qkd-fr.html
8, 10, 11, 12 Le cerveau adulte apprend mieux avec des histoires - KnowledgeOne
https://knowledgeone.ca/the-adult-brain-learns-best-with-stories/?lang=fr
9 edu1040.teluq.ca
https://edu1040.teluq.ca/files/2017/01/Knowles_1990.pdf
13, 14, 19, 20, 24 Le storytelling pour améliorer l'éducation des adultes! | EPALE
https://epale.ec.europa.eu/fr/resource-centre/content/le-storytelling-pour-ameliorer-leducation-des-adultes
15, 16, 17, 18, 21 Why Your Brain Loves Good Storytelling - National Storytelling Network
https://storynet.org/why-your-brain-loves-good-storytelling/
22 Compte personnel de formation : 1 851 200 entrées en 2022 - Centre Inffo
https://www.centre-inffo.fr/site-centre-inffo/actualites-centre-inffo/le-quotidien-de-la-formation-actualite-formation-professionnelle-apprentissage/articles-2023/compte-personnel-de-formation-1-851-200-entrees-en-2022