Introduction : l’enjeu de devenir leader d’opinion dans la formation professionnelle
Dans un secteur de la formation professionnelle foisonnant et concurrentiel, se hisser au rang de référence est un défi stratégique majeur. En France, on dénombre près de 80 000 organismes de formation (hors apprentissage), soit une hausse de 12 % en seulement deux ans (2019-2021)1. Le marché, riche mais fragmenté, présente une grande hétérogénéité de qualité que les pouvoirs publics ont cherché à harmoniser2. Parallèlement, la demande de développement des compétences explose : 94 % des adultes français estiment important d’acquérir de nouvelles compétences tout au long de leur carrière3. Face à ces dynamiques, se positionner en acteur incontournable – que l’on soit dirigeant d’organisme ou formateur indépendant – permet de se distinguer, d’inspirer confiance et d’exercer une influence durable sur son écosystème.
Devenir une voix faisant autorité ne se résume pas à une notoriété superficielle. Il s’agit de bâtir un leadership d’opinion fondé sur l’expertise, l’exigence de qualité et le partage de connaissances. Dans un contexte marqué par la réforme de 2018 (« Avenir professionnel ») – qui a refondu le système de formation en introduisant notamment la certification qualité Qualiopi et la reconnaissance de l’AFEST – les organismes sont incités à élever leurs standards. Depuis 2022, la certification Qualiopi est obligatoire pour accéder aux financements publics ou mutualisés4, et à l’été 2023 un peu plus de la moitié des prestataires étaient certifiés (49 % certifiés, 4 % en cours)5. Dans le même temps, l’essor du CPF (Compte personnel de formation) a facilité l’accès direct des individus à la formation, multipliant les opportunités mais aussi les pratiques discutables. Entre 2019 et 2021, le nombre d’entrées en formation via le CPF a quadruplé, passant de 493 000 à 1,98 million6, au prix malheureusement d’une recrudescence de comportements frauduleux de la part de certains organismes6. Plus que jamais, crédibilité et excellence doivent être les maîtres-mots pour qui aspire à devenir une référence : il faut inspirer confiance par une qualité irréprochable, tout en affirmant sa voix propre sur les sujets clés (pédagogie, compétences, digitalisation, etc.).
Ce guide propose des stratégies d’influence et de leadership d’opinion à l’attention des professionnels de la formation. D’une part, il s’agit de maîtriser en profondeur son art – qu’il s’agisse de pédagogie, d’andragogie, d’ingénierie pédagogique ou d’innovation éducative – afin de légitimer son expertise. D’autre part, il convient de partager cette expertise de manière structurée et percutante pour devenir la voix incontournable de son domaine. Nous aborderons successivement la définition du leadership d’opinion appliqué à la formation, les leviers pour affermir son expertise (qualité, science de la formation, normes), les moyens de diffusion de son savoir (contenus, réseaux, influence digitale), ainsi que l’importance de l’innovation pédagogique et de l’engagement communautaire. Chaque partie s’appuie sur des sources officielles ou scientifiques de premier plan (DARES, INSEE, France Compétences, OCDE, chercheurs en andragogie…) afin de fournir un contenu rigoureux et à jour. En filigrane, un message central : c’est par la pertinence de vos apports et la constance de votre engagement que vous deviendrez une référence sur votre secteur.
Qu’est-ce que le leadership d’opinion dans la formation professionnelle ?
Le leadership d’opinion désigne l’influence qu’exerce une personne ou une organisation reconnue comme référence dans son domaine. Dans le secteur de la formation, un leader d’opinion est un expert capable de guider les autres acteurs (pairs, clients, partenaires) par ses analyses et recommandations éclairées. Il ne s’agit pas nécessairement d’être célèbre médiatiquement, mais d’être identifié comme source fiable d’informations et d’idées neuves. Concrètement, quand passe-t-on du statut d’expert à celui de leader d’opinion ? Cela se produit lorsque l’on structure une démarche de création de contenu visant à asseoir sa position de référence dans un domaine précis7. Autrement dit, le formateur ou l’organisme devient un leader d’opinion à partir du moment où il remplit une triple mission vis-à-vis de son audience :
- Informer sur l’actualité de son secteur (évolutions réglementaires, nouvelles pédagogies, dispositifs comme le CPF, etc.)8 ;
- Décrypter les tendances et problématiques émergentes (par exemple, impacts de la digitalisation, montée en compétences sur les soft skills, innovations comme l’AFEST)8 ;
- Éclairer son audience en proposant des pistes de solutions et de bonnes pratiques face aux défis identifiés9.
Une fois perçu comme source fiable à ces trois niveaux, l’expert gagne un véritable pouvoir d’influence – il devient un influenceur de référence dans le meilleur sens du terme10. Son avis est sollicité, ses publications sont suivies, et il peut orienter les réflexions stratégiques du secteur.
Il convient de souligner le fondement du leadership d’opinion : il repose sur la création de valeur pour son public. Comme le résument des experts en e-réputation, pour influencer une communauté de clients, de pairs ou de partenaires, il faut s’astreindre à fournir les réponses les plus approfondies aux questions que se pose cette communauté, avec des éléments différenciants étayés par des données ou enquêtes11. En d’autres termes, le contenu prime sur la promotion commerciale : devenir un leader d’opinion implique de partager savoirs et analyses de manière généreuse et neutre, plutôt que de chercher directement à vendre ses services12. Cette posture désintéressée – informer plutôt que promouvoir – est cruciale pour établir une confiance durable. « Vous ne pouvez pas être juge et partie », avertissent les spécialistes : toute tentative de mise en avant publicitaire de soi-même ferait fuir l’audience et ruinerait la crédibilité patiemment acquise13.
Enfin, le leadership d’opinion s’accompagne souvent d’une démarche de personal branding (marque personnelle) maîtrisée. À force de produire des contenus utiles et pertinents, vous devenez un repère pour votre public cible, un point de passage obligé dans son parcours d’information14. Il devient alors possible de cultiver votre notoriété professionnelle de façon assumée : par exemple en acceptant des invitations externes (conférences, tribunes, interviews) qui légitiment et rayonnent votre expertise au-delà de vos propres canaux14. Notons qu’il n’est pas nécessaire d’être déjà connu pour entamer cette démarche ; au contraire, c’est en bâtissant progressivement votre influence par des contenus opportuns et rigoureux que vous pourrez atteindre, in fine, une certaine réputation d’excellence dans votre niche. En synthèse, un leader d’opinion en formation est celui qui éclaire la voie – par ses connaissances, son analyse et son sens du partage – au point d’être reconnu par ses pairs et par les bénéficiaires de la formation comme une autorité de confiance.
Affermir son expertise pédagogique et andragogique
Le socle indispensable pour prétendre au leadership d’opinion, c’est une expertise technique et pédagogique incontestable. On n’influence durablement qu’en maîtrisant son sujet en profondeur. Pour un professionnel de la formation, cela signifie d’abord de solides compétences en pédagogie – l’art de transmettre des savoirs – et en andragogie – l’art d’enseigner aux adultes. La nuance est importante : comme l’a formulé Malcolm Knowles, figure fondatrice de l’andragogie, cette dernière se définit comme « l’art et la science d’aider les adultes à apprendre », par opposition à la pédagogie entendue comme « l’art et la science d’enseigner à des enfants »15. Ce changement de perspective (passer de enseigner à aider à apprendre) est fondamental en formation professionnelle, car l’apprenant adulte diffère de l’enfant : il est volontiers autonome, riche d’expériences, et en attente de sens concret. Knowles a énoncé six principes clés de l’apprentissage adulte, dont notamment le besoin de comprendre pourquoi il apprend quelque chose, le rôle central de l’expérience dans le processus, l’importance d’une approche orientée problème plutôt que descendante, et la prépondérance des motivations intrinsèques sur les contraintes externes16, 17. Un organisme ou formateur qui aspire à être une référence se doit d’intégrer ces principes : par exemple, expliciter les objectifs utiles d’une formation (le « pourquoi »), valoriser l’expérience des stagiaires dans ses méthodes (échanges de pratiques, mises en situation), ou encore favoriser l’auto-direction de l’apprenant (le rendre acteur de son parcours).
Au-delà des théories, développer son expertise suppose une démarche rigoureuse d’ingénierie pédagogique. Il s’agit de concevoir des dispositifs de formation efficaces, innovants et alignés sur les besoins du terrain. Cela comprend l’analyse des besoins de compétences, la définition de référentiels (de compétences, de certification) clairs, la conception de modules progressifs, le choix de modalités adaptées (présentiel, digital learning, AFEST, etc.), ainsi que des mécanismes d’évaluation pertinents. Un leader d’opinion pourra par exemple s’appuyer sur des modèles éprouvés tels que le cycle de l’apprentissage expérientiel de Kolb (qui souligne l’importance de l’expérience concrète suivie de réflexion, de conceptualisation et de réapplication) ou le modèle d’évaluation de Kirkpatrick (à quatre niveaux : réaction, apprentissage, comportement, résultats) pour démontrer la valeur de ses formations. Mentionnons aussi la notion d’apprentissage transformateur développée par Jack Mezirow : selon Mezirow, « pour les adultes, l’expérience constitue le cœur de la formation, mais elle doit être transformée pour constituer un savoir »18. En mobilisant la réflexion critique sur les expériences vécues, on permet une véritable transformation des cadres de référence de l’apprenant, ce qui mène à des changements profonds de perspectives et de compétences19, 20. Intégrer de telles approches dans ses dispositifs – par exemple en prévoyant des temps de débriefing où les participants analysent et tirent des leçons de leurs actions – est la marque d’une ingénierie pédagogique poussée, digne des meilleurs.
Renforcer son expertise signifie également se tenir en veille permanente sur l’évolution du secteur et des savoirs. La formation professionnelle est un domaine vivant, nourri par les sciences de l’éducation, la psychologie cognitive, la sociologie du travail, etc. Un leader ne saurait ignorer les avancées de la recherche ou les innovations pédagogiques émergentes. Cela peut passer par la lecture régulière de publications académiques (revues spécialisées, travaux du CÉREQ, de l’UNESCO ou de l’OCDE sur l’éducation des adultes), la participation à des colloques ou groupes de travail, voire la collaboration avec des chercheurs. Citons par exemple les travaux du français Philippe Carré sur la motivation et l’autoformation : Carré rappelle que « on apprend toujours seul, mais jamais sans les autres »21, soulignant par là la nécessité d’allier autonomie et interactions sociales dans les dispositifs. Ce type de connaissances, issu de la recherche, peut guider la conception de formations plus efficaces (intégrant tutorat, communautés d’apprentissage, échanges de pairs, etc.). De même, intégrer la notion d’“apprenance” (cher à Carré) – c’est-à-dire encourager une culture où l’apprenant prend en main son apprentissage de façon proactive – pourra distinguer favorablement vos approches pédagogiques. En résumé, pour asseoir votre crédibilité, affichez une maîtrise affûtée des fondamentaux (pédagogie, andragogie) et restez à la pointe du savoir en formation des adultes. Vos prises de parole n’en auront que plus de poids, étayées par une expertise authentique et constamment actualisée.
Garantir la qualité : normes, certification et éthique professionnelle
L’influence d’opinion dans le champ de la formation se construit aussi sur une réputation de qualité irréprochable. À l’ère de Qualiopi et du CPF, afficher son conformité aux standards et son professionnalisme est indispensable pour inspirer confiance. Le paysage français a connu une véritable « révolution qualité » avec la loi de 2018 : auparavant très disparate, la qualité des pratiques est désormais encadrée par un référentiel national qualité unique, incarné par la certification Qualiopi2, 22. Depuis le 1er janvier 2022, tout organisme prestataire de formation souhaitant mobiliser des fonds publics ou mutualisés (Opco, État, Régions, CPF…) doit être certifié Qualiopi4. Cette obligation a entraîné un vaste mouvement de mise en conformité : à l’été 2023, 49 % des organismes déclaraient avoir décroché la certification (et 4 % supplémentaires étaient en cours), même les formateurs indépendants et CFA étant concernés5. Être certifié Qualiopi est rapidement devenu un signe de sérieux et de fiabilité aux yeux des clients et partenaires. En tant que dirigeant ou formateur, votre engagement dans cette démarche qualité atteste que vos processus – de la conception des formations jusqu’au recueil des feedbacks – respectent les exigences élevées du référentiel. En pratique, Qualiopi audite des critères tels que l’analyse des besoins des publics, l’adaptation des contenus, la qualification des formateurs, l’investigation de la satisfaction clients, l’amélioration continue… Autant d’aspects qui, une fois maîtrisés, renforcent objectivement la valeur de vos prestations.
Aller au-delà de la simple conformité réglementaire peut vous positionner comme un champion de la qualité. Par exemple, certaines entités choisissent de publier leurs résultats ou indicateurs (taux de satisfaction, taux de réussite, témoignages) de façon transparente, ou de s’engager dans des labels supplémentaires (ISO, OPQF, certification universitaire, etc.). Ces initiatives volontaires, non obligatoires, signalent votre attachement profond à la qualité pédagogique et administrative. De plus, dans un contexte où le CPF a été entaché par des dérives (démarchages abusifs, promesses de formation fictives…), la capacité à se distinguer par une éthique professionnelle exemplaire fait la différence. Les autorités ont dû intervenir face à la hausse des fraudes : interdiction du démarchage téléphonique, contrôle accru des offres et de l’identité des apprenants, etc., ce qui a entraîné une baisse du nombre d’entrées en formation CPF en 202323, 24. Pour un organisme, afficher haut et fort son intégrité – ne recourir à aucun procédé douteux, respecter pleinement le droit des usagers – contribue à asseoir un leadership d’opinion positif. Votre voix portera d’autant plus que vous serez identifié comme un acteur de confiance, soucieux de l’intérêt des apprenants et de la bonne utilisation des fonds de formation.
Enfin, n’oublions pas que la qualité concerne aussi la pertinence et l’impact des formations. Devenir une référence implique de démontrer que vos actions de formation produisent de réels effets sur les compétences et les parcours. Vous pouvez ainsi adopter une logique de preuve en évaluant systématiquement les acquis (évaluations à chaud et à froid, suivi de l’application en situation de travail, etc.) et en communiquant sur les résultats obtenus. Par exemple, si vous proposez des bilans de compétences, illustrez comment ces bilans débouchent sur des reconversions réussies ou des évolutions professionnelles tangibles. Si vous formez en entreprise, mesurez l’amélioration de la performance ou de la qualité suite à vos interventions. Ce souci d’évaluation d’impact rejoint les attentes du référentiel Qualiopi (qui exige le suivi des indicateurs et l’amélioration continue) et vous place dans une posture de leader éclairé par les données. En résumé, faites de la qualité totale votre credo : conformité aux normes, processus optimisés, éthique et transparence. Votre image d’excellence en sera le reflet, renforçant votre crédibilité et votre influence auprès de l’ensemble de la communauté formation.
Partager et rayonner : diffuser votre expertise pour devenir incontournable
Une expertise, si pointue soit-elle, ne suffit pas : encore faut-il la rendre visible et accessible. Le leadership d’opinion se construit en grande partie par la diffusion régulière de contenus à forte valeur ajoutée. Il s’agit ici de partager votre expertise avec le plus grand nombre, via des canaux variés et de manière structurée. Cette démarche vous positionnera progressivement comme la voix incontournable de votre domaine. Plusieurs stratégies complémentaires peuvent être mobilisées :
- Créer des contenus de référence. Alimenter un blog professionnel, publier des articles de fond, rédiger des livres blancs ou des guides pratiques sont autant de moyens de démontrer votre savoir faire. Ces contenus doivent apporter un éclairage original et approfondi sur des sujets clés : par exemple, un formateur spécialiste en ingénierie pédagogique pourra publier un article sur « les 5 étapes pour concevoir une AFEST réussie », avec des conseils tirés de son expérience et adossés à la réglementation (la loi de 2018 précise les 6 conditions de réussite d’une AFEST : analyse du travail, parcours structuré, formateur désigné, phases réflexives, évaluations des acquis et conservation de preuves)25, 26. De même, un organisme expert en digital learning pourra diffuser un livre blanc sur les dernières tendances du e-learning ou de la réalité virtuelle en formation. L’important est de répondre aux questions que se posent vos publics. Identifiez les préoccupations majeures de vos clients ou partenaires (par ex. « Comment augmenter l’engagement des apprenants en ligne ? », « Comment monter un dossier CPF conforme ? », « Quelles compétences développer face à la transition écologique ? ») et apportez-y les réponses les plus complètes possibles11. Un contenu de qualité, bien référencé, pourra devenir une ressource de référence reprise et partagée largement, renforçant votre notoriété. N’hésitez pas à étayer vos propos par des données chiffrées et des sources officielles – cela augmentera la confiance du lecteur. Par exemple, citer que « 39 % des 18-64 ans ont suivi une formation professionnelle en 2016 »27 pour souligner l’ampleur de la formation continue, ou que « en 2023, 1,33 million d’entrées en formation ont été enregistrées via le CPF »28 pour illustrer l’importance de tel dispositif, donnera de la consistance à votre contenu. Ces chiffres officiels, correctement sourcés, montrent que vous maîtrisez votre sujet et crédibilisent votre message.
- Diversifier les formats et canaux de diffusion. Votre audience, qu’elle soit composée de responsables formation en entreprise, de formateurs indépendants ou de stagiaires potentiels, est sollicitée de toutes parts. Pour capter son attention, il convient de proposer des contenus variés et attractifs. Ne vous limitez pas au texte : explorez la vidéo (webinaires, capsules pédagogiques, interviews filmées), l’audio (podcasts sur la formation), l’infographie (schémas expliquant un concept pédagogique, chiffres-clés illustrés) ou même les mini-formations gratuites en ligne. Par exemple, organiser un webinaire mensuel où vous décodez une actualité réglementaire (comme l’évolution du CPF ou les nouveaux critères de Qualiopi) peut asseoir votre rôle de pédagogue-expert. Sur les réseaux sociaux professionnels (LinkedIn en tête, très prisé dans le secteur de la formation), partagez régulièrement des analyses courtes ou des retours d’expérience. Vous pourriez commenter une statistique récente de la DARES ou de l’OCDE, ou poster un cas pratique rencontré et résolu grâce à vos méthodes. N’hésitez pas à interagir avec la communauté : répondre aux questions dans les forums de formateurs, participer à des groupes LinkedIn thématiques (andragogie, Qualiopi, digital learning, etc.) où vous apportez vos conseils. Cette présence multicanale renforcera votre visibilité et montrera que vous êtes un acteur engagé et accessible. Un leader d’opinion est aussi un animateur et un vulgarisateur qui sait se montrer sous différents jours29. En variant vos contributions (articles de blog, posts courts, conférences, podcasts…), vous toucherez des publics complémentaires et consoliderez votre statut d’expert polyvalent.
- Tisser des partenariats et intervenir publiquement. Pour élargir votre audience et gagner en légitimité, rien de tel que d’intervenir hors de vos propres supports. Répondez favorablement aux invitations : par exemple, être speaker dans un salon professionnel, donner une conférence lors des Universités d’hiver de la formation professionnelle, ou intervenir comme expert dans un webinaire organisé par une institution reconnue (France Compétences, Centre Inffo, etc.). Chaque prise de parole externe est l’occasion de marquer les esprits et de vous associer à des instances influentes. Songez aussi aux collaborations éditoriales : co-signer une tribune dans une revue spécialisée, participer à un ouvrage collectif, ou vous faire interviewer par un média sectoriel (magazine, podcast) augmentera votre crédit. Vous pouvez également interviewer d’autres experts sur votre blog ou votre chaîne : c’est un moyen de créer du contenu enrichissant tout en bénéficiant du réseau de l’invité30. Osez par exemple solliciter une personnalité académique (un professeur en sciences de l’éducation, un auteur renommé) ou un pair reconnu pour un entretien croisé – ces rapprochements stimulent votre propre image d’expert auprès du public. Par ailleurs, impliquez-vous dans les communautés professionnelles existantes : rejoignez les associations ou syndicats du secteur (Les Acteurs de la Compétence, Fédération de la Formation Professionnelle…), contribuez aux travaux normatifs (par exemple aux groupes de travail de France Compétences sur les référentiels de certification). Ces engagements vous donneront une tribune pour exprimer vos idées et montrer votre leadership au sein même de la profession. Enfin, à l’échelle européenne, la plateforme EPALE (Electronic Platform for Adult Learning in Europe) offre un espace collaboratif où partager articles et ressources avec plus de 160 000 autres professionnels de la formation des adultes31, 32. Publier sur EPALE – en français ou en anglais – permet d’enrichir la communauté en diffusant vos bonnes pratiques, tout en bénéficiant de la vitrine européenne que constitue ce réseau officiel32. C’est l’opportunité de contribuer aux débats majeurs (compétences numériques, inclusion, apprentissage tout au long de la vie…) et de faire évoluer les pratiques éducatives à plus large échelle, ce qui assoit définitivement un statut de leader d’opinion.
En résumé, le partage de votre expertise doit être pensé comme une stratégie éditoriale à part entière. Le calendrier de publication doit être régulier (pour maintenir l’attention et le référencement SEO), les messages cohérents et alignés à votre positionnement (ne sortez pas de votre périmètre de compétence, mais creusez-le en profondeur), et la valeur ajoutée toujours privilégiée sur l’auto promotion. Si vous arrivez à devenir la ressource fiable à laquelle l’on pense spontanément sur un sujet (qualité des formations, pédagogie innovante, réglementation CPF, etc.), alors vous aurez réussi : votre nom sera associé à l’expertise du domaine, et votre influence se traduira commercialement par une attractivité accrue (clients en confiance, partenaires qui vous sollicitent, etc.), tout en contribuant de façon utile au progrès collectif du secteur.
Innover et se renouveler : le rôle de l’innovation pédagogique dans le leadership
Un véritable leader d’opinion ne campe pas sur ses acquis : il se projette vers l’avenir et adopte une posture d’innovation permanente. Dans la formation professionnelle, ces dernières années ont apporté de profonds changements – notamment sous l’effet de la numérisation et des nouvelles approches pédagogiques – qu’il convient non seulement de suivre, mais d’anticiper. De ce fait, pour conforter votre statut de référence, soyez parmi les premiers à expérimenter et à diffuser les évolutions du métier.
La transformation digitale de la formation est un terrain d’expression privilégié pour le leadership d’opinion. L’essor du digital learning a bouleversé les modalités d’apprentissage : e-learning, classes virtuelles, mobile learning, serious games, réalité virtuelle ou augmentée… Autant de formats qui se sont développés à vive allure, phénomène accéléré par la crise sanitaire de 2020. Aujourd’hui, les plateformes en ligne offrent un accès démultiplié au savoir : les MOOC, les bibliothèques de contenus (ex. LinkedIn Learning, Coursera) sont entrés dans les mœurs, et 72 % des entreprises utilisaient des outils numériques pour former leurs employés en 2022 (contre 33 % cinq ans plus tôt)33. Un organisme innovant saura tirer parti de cet engouement : en proposant par exemple des parcours en blended learning (mêlant présentiel et distanciel), ou en intégrant des technologies immersives pour des formations pratiques. Si vous vous positionnez comme précurseur sur ces sujets (par des démonstrateurs, des cas d’application réussis, des retours d’expérience chiffrés), vous attirez l’attention de la profession et des médias. Cela peut passer par la publication d’études de cas sur vos expérimentations : par exemple, comment l’usage de la réalité virtuelle a amélioré de X% les compétences techniques dans telle formation industrielle (en s’appuyant sur une étude comme celle de PwC qui indique que 67 % des professionnels estiment ces technologies bénéfiques à l’assimilation des connaissances)34. En partageant de tels résultats, vous affermissez votre aura d’innovateur fiable. Attention toutefois à conserver un discours lucide : l’innovation ne vaut que si elle sert la pédagogie. Un leader d’opinion devra tempérer les effets de mode en s’attachant à évaluer rigoureusement l’apport des nouvelles méthodes (ce qui vous distinguera de ceux qui prônent l’innovation pour l’innovation).
Un autre champ d’innovation est l’ingénierie de formation sur le terrain, illustrée par le développement de l’AFEST (Action de Formation en Situation de Travail). Longtemps reléguée de manière informelle (« formation sur le tas »), la formation en situation de travail a obtenu ses lettres de noblesse juridiques en 2018, la loi ayant reconnu l’AFEST comme une modalité de formation formelle éligible aux financements publics35. L’AFEST représente une approche nouvelle, centrée sur l’apprentissage par la pratique réfléchie : le salarié acquiert des compétences en situation réelle de travail, alternant des phases de mise en pratique et des phases de réflexivité guidées (analyse de l’expérience avec un tuteur formé)36, 37. Si votre organisme a investi ce domaine – par exemple en menant des expérimentations AFEST dans des PME et en formalisant des guides – il est essentiel de valoriser cette avance. Vous pouvez publier un retour d’expérience sur les conditions de réussite de l’AFEST, en soulignant qu’une action de formation est reconnue comme AFEST à condition de respecter six critères stricts (identification de situations apprenantes, parcours pédagogique structuré, accompagnement par un formateur/tuteur, moments de recul, évaluation des acquis, traçabilité des preuves)25, 26 tels que précisés dans la loi. Ces éléments très pratiques intéresseront vivement les responsables formation cherchant à innover, et affirmeront votre rôle de pionnier sur ce créneau. Plus largement, être un promoteur des nouvelles approches (formation informelle et auto-formation en ligne, communautés de pratique, mentorat, micro-learning, etc.) contribuera à vous différencier des acteurs plus traditionnels.
L’innovation pédagogique se niche aussi dans la prise en compte de nouvelles thématiques imposées par les mutations du monde du travail. Par exemple, la transition écologique, l’inclusion du handicap, l’égalité femmes-hommes, ou encore l’intelligence artificielle (IA) appliquée à la formation, sont des sujets émergents. Un organisme en avance pourra développer des offres ou des contenus pédagogiques spécifiques (ex : modules de sensibilisation à l’IA pour les formateurs, intégration d’outils d’IA tels que les tuteurs virtuels ou l’adaptive learning dans ses cursus). En partageant vos expérimentations, réussites comme difficultés, vous nourrissez la réflexion collective et consolidez votre image d’éclaireur. N’hésitez pas à articuler vos propos avec les orientations stratégiques nationales ou internationales : l’UNESCO et l’OCDE insistent sur l’importance des compétences de demain face aux transitions numérique et verte38, 39. Si vous démontrez que vos initiatives pédagogiques répondent justement à ces enjeux (ex : formation aux compétences vertes, aux nouveaux métiers de la data, etc.), vous positionnerez votre organisation en phase avec les priorités sociétales – un trait propre aux leaders d’opinion visionnaires.
En somme, cultiver le leadership d’opinion passe par une remise en question permanente et une curiosité insatiable pour les nouveautés. Comme l’affirmait Malcolm Knowles dès 1968, « la survie même de notre civilisation exige un apprentissage continu au-delà des années de formation initiale »40. Cette maxime vaut aussi pour nous autres professionnels : continuer à apprendre, innover, se former soi même, est indispensable pour rester au sommet de son domaine. Montrez-vous agile et prospectif, et votre audience se tournera naturellement vers vous pour comprendre les évolutions en cours et à venir. Le leader d’opinion est celui qui a un temps d’avance, et qui entraîne les autres dans son élan vers le futur.
Conclusion : vers un leadership d’opinion pérenne et responsable
Devenir une référence dans le secteur de la formation professionnelle est un chemin exigeant, qui conjugue excellence technique, engagement qualitatif et générosité intellectuelle. Au fil de cet article, nous avons exploré les principales stratégies pour y parvenir : consolider en continu son expertise pédagogique et théorique, garantir la qualité et l’éthique de ses actions, partager largement son savoir via des contenus utiles, et embrasser l’innovation pour rester en avance. Ces axes sont complémentaires et forment un tout cohérent : c’est en les investissant simultanément que vous bâtirez un leadership d’opinion solide et légitime.
Rappelez-vous qu’à la base de tout, il y a la confiance. Celle que vos pairs, vos clients et vos apprenants vous accordent parce qu’ils reconnaissent en vous la compétence et la fiabilité. Cette confiance se gagne par des preuves tangibles (certifications, résultats, références) autant que par un discours authentique et désintéressé. Dans un domaine où les effets de mode et le marketing facile peuvent parfois brouiller les repères, le véritable leader d’opinion se distingue par sa probité intellectuelle et la pertinence de ses analyses. Il ne cherche pas à imposer une vision pour son profit propre, mais à éclairer les enjeux pour le bénéfice de tous. C’est ainsi qu’il devient, selon la belle formule de Philippe Carré, un « passeur de savoirs » au service de la communauté41.
En pratique, engagez-vous dans cette voie de façon progressive mais déterminée. Fixez-vous un plan : par exemple, obtenir telle certification manquante dans l’année, publier un article de fond par trimestre, intervenir à une conférence professionnelle, tester une nouvelle modalité pédagogique sur un module pilote, etc. Mesurez les retombées (notamment en termes de SEO si l’on parle de contenu en ligne, de nombre de lecteurs, de sollicitations externes reçues) et ajustez vos actions. Le succès en influence se construit sur la durée : ne vous découragez pas si les débuts semblent discrets, la constance paiera. Soutenez-vous éventuellement sur un mentor ou en réseau : intégrer un collectif de formateurs innovants, un comité de filière, peut vous aider à grandir et vous donner des occasions de briller conjointement.
Enfin, exercez ce rôle de référent avec responsabilité. Être une « voix incontournable » confère un poids, une capacité à orienter les décisions ou opinions d’autrui. Il importe de l’utiliser à bon escient, en restant fidèle aux valeurs de la formation : partage, élévation des compétences de chacun, et contribution à l’intérêt général (employabilité, compétitivité, cohésion sociale). Continuer à se former soi-même, à questionner ses propres certitudes, fait aussi partie de l’exemplarité attendue d’un leader. Comme le souligne la Commission européenne à travers EPALE, c’est en enrichissant la communauté par l’échange de bonnes pratiques et le dialogue entre pairs que l’on fait évoluer positivement les pratiques éducatives32.
En conclusion, viser le leadership d’opinion dans votre secteur de formation est une ambition louable qui sert tout autant votre développement que celui de votre écosystème. En partageant votre expertise avec rigueur et passion, en incarnant la qualité et l’innovation, vous deviendrez la voix qui compte – celle vers qui l’on se tourne pour comprendre les défis de la formation professionnelle et y répondre. Ainsi, vous ne serez plus seulement un prestataire de formation parmi d’autres : vous serez perçu comme un pilote inspirant dans le développement des compétences, contribuant activement à façonner l’avenir du secteur. À vous de jouer dès maintenant : identifiez votre créneau d’excellence, prenez la parole, et faites résonner votre voix de spécialiste. Le secteur de la formation a besoin de leaders éclairés ; il ne tient qu’à vous de devenir l’un d’eux.
Bibliographie
- DARES (Ministère du Travail) – Formation professionnelle (page de cadrage général). Paris : DARES, mise à jour 2020. Données clés sur la formation continue (nombre d’organismes, dépenses, taux d’accès)1, 42.
- DARES (Ministère du Travail) – Premiers résultats de l’enquête sur la Certification Qualiopi. Dares Résultats n°70, 8 novembre 2023, par H. Schianchi, A. Louvet et al. Présentation des taux de certification Qualiopi à l’été 2023 et analyse des motivations des organismes5, 43.
- Ministère du Travail – Référentiel national qualité – Guide de lecture Qualiopi. Version mise à jour du 08/01/2024, sur travail-emploi.gouv.fr. Explicitation de l’obligation de certification Qualiopi et des critères du référentiel unique44, 45.
- INSEE Références – Compte personnel de formation. Fiche publiée le 12/02/2025, in Formations et emploi, édition 2025. Analyse de l’essor du CPF (2019-2021) et des mesures anti-fraude en 20226, 23.
- DARES – Céreq – Enquête 2022 sur les transformations de l’offre de formation (ETOF) et Certification Qualiopi (ECQ). Résultats cités par D. Lamar, Toutpourlemploi.fr, 11/11/2024. Données sur le nombre d’organismes (~80 000 en 2021) et la part certifiée Qualiopi (49 % en 2023)1, 46.
- Place des Réseaux – Comment vous positionner en leader d’opinion ? Article du 05/04/2023. Six clés sur le leadership d’opinion : définition, principe fondateur (répondre aux questions de son audience), règles de contenu (pas d’auto-promotion), diversification des supports, personal branding7, 11.
- EPALE (Commission Européenne) – Plateforme européenne pour l’éducation et la formation des adultes. Présentation par l’Agence Erasmus+ France, actualisée le 06/06/2025. Rôle d’EPALE dans le partage d’expertise entre 160 000 professionnels en Europe ; incitation à publier et interagir pour faire évoluer les pratiques31, 32.
- Knowles, M. – The Adult Learner (5e éd., 1998). Traduit et commenté par Pedagoscope.ch, billet du 01/12/2022. Concept d’andragogie : « l’art et la science d’aider les adultes à apprendre » (Knowles) vs pédagogie des enfants ; principes de l’adulte apprenant (besoin de savoir, expérience, auto-direction, application pratique, motivation intrinsèque)15, 47.
- Mezirow, J. – Penser son expérience – Développer l’autoformation (éd. française 2001 du Transformative Dimensions of Adult Learning, 1991). Compte-rendu par B. Courtois, Pratiques de formation/Analyses n°43, 200218, 48. Théorie de l’apprentissage transformateur : l’expérience au cœur de l’apprentissage adulte, transformée par la réflexion critique en savoir mobilisable (inspiration Habermas).
- Carré, P. – Professeur en sciences de l’éducation (Université Paris-Nanterre). Cité in Apprendre avec les autres (Claude Champagne & Louis Langelier, 2008)49. Maxime : « On apprend toujours seul, mais jamais sans les autres. » Signification : importance de l’autonomie de l’apprenant conjuguée à l’appui du collectif (échanges, interactions) dans la formation tout au long de la vie.
- Afdas (Opco) – L’AFEST : la formation en situation de travail. Fiche pratique en ligne, consultée 2025. Définition de l’AFEST : formation alternant mises en situation de travail et phases réflexives, visant la montée en compétences in situ36, 37. Rappel des 6 critères légaux pour qu’une formation soit éligible comme AFEST (loi du 5/09/2018, art. L.6313-2)25, 26.
- Vorecol (blog RH) – L’impact de la digitalisation sur la formation professionnelle, 2023. Chiffres de contextualisation : « 94 % des adultes en France reconnaissent l’importance de développer de nouvelles compétences tout au long de leur carrière » (source OCDE)3 ; 77 % des employés voient un impact positif du numérique sur leur développement pro (source PwC)50, 51, 52. (Sources secondaires à utiliser avec discernement, données issues d’études internationales).
 
            