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Outils no-code : créer des supports interactifs sans coder

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#69

I. Le no-code au service de la formation : une nouvelle démocratisation numérique

1. Démocratiser la création de contenus sans coder : définition et contexte

Le terme no-code désigne des solutions qui permettent de créer des applications ou contenus numériques sans programmation, par le biais d’interfaces visuelles simplifiées. À la différence du low code qui peut impliquer un minimum de script, le no-code vise une accessibilité totale aux non techniciens. Concrètement, ces outils proposent des éditeurs graphiques en glisser-déposer, des bibliothèques de composants prêts à l’emploi (blocs de texte, quiz, vidéos, formulaires, interactions, etc.) et des gabarits ou scénarios prédéfinis. Ils se chargent en arrière-plan de générer le code ou la logique informatique, dispensant l’utilisateur de cette complexité. Comme le résume une étude technologique, ces plateformes redéfinissent le développement logiciel en « donnant du pouvoir tant aux utilisateurs techniques que non techniques » [12]. Autrement dit, un formateur ou concepteur pédagogique peut devenir créateur de contenus digitaux sans passer par la case développeur.

Cette démocratisation du développement s’inscrit dans une tendance plus large de “citizen development” (développement citoyen). Les projections de Gartner et d’autres cabinets anticipent qu’une part croissante des applications professionnelles sera réalisée directement par les opérationnels plutôt que par les informaticiens. Dès 2021, Gartner prévoyait que d’ici 2024, « 80 % des produits et services technologiques seront conçus par des non-professionnels de l’IT ». De fait, les grandes entreprises adoptent de plus en plus de plateformes low-code/no-code en interne, et une majorité d’entre elles utilisent déjà plusieurs de ces outils pour accélérer leurs projets digitaux [13]. Le monde de la formation professionnelle n’échappe pas à ce mouvement : il existe aujourd’hui de nombreuses solutions no-code ou assimilées dédiées à la création de contenus pédagogiques (outils auteurs e-learning, studios de quiz, générateurs de vidéos interactives, etc.). Cette effervescence est encouragée par la transformation numérique rapide du secteur éducatif. L’OCDE note par exemple que la pandémie de COVID-19 a joué un rôle d’accélérateur, révélant tout le potentiel de l’éducation en ligne et l’importance de s’y préparer activement [1].

Pour les organismes de formation, le no-code représente une opportunité de gagner en indépendance technologique. Là où il fallait autrefois mobiliser un développeur pour réaliser un module e-learning sur mesure ou adapter un contenu au format web, l’équipe pédagogique peut désormais s’en charger directement. Cela se traduit par une réduction des délais (on passe de plusieurs semaines de développement à quelques jours, voire heures, de réalisation pour un module simple) et une réduction des coûts (moins de sous-traitance ou d’embauche de compétences rares). Les travaux sur l’efficacité de ces plateformes confirment d’ailleurs « une amélioration des délais de livraison et de la productivité » grâce à la diminution du temps de codage et à un soutien aux méthodes agiles [14].

Cependant, il convient de préciser que “sans coder” ne signifie pas “sans compétences”. Si le volet purement technique est grandement simplifié, la conception de contenus pédagogiques digitaux exige toujours un véritable savoir-faire en ingénierie pédagogique. Le formateur-concepteur devra maîtriser les principes de base de la scénarisation d’un module, la cohérence pédagogique, l’ergonomie d’apprentissage, etc. Les outils no-code fournissent la palette, mais c’est bien l’expertise pédagogique qui guidera le peintre. En outre, ces plateformes ont des limites : elles sont idéales pour des modules standard (quiz, vidéos enrichies, interactions basiques). En revanche, pour des solutions très complexes, hautement sur-mesure ou nécessitant une intégration poussée dans des systèmes d’information, le no code peut montrer ses faiblesses en termes de flexibilité et d’évolutivité [15]. Il est donc important de connaître le périmètre d’usage de ces outils et de ne pas chercher à tout faire avec si les besoins dépassent leurs capacités. Nous reviendrons plus loin sur ces limites et les moyens d’y pallier.

2. Un écosystème d’outils en plein essor, moteur d’innovation pédagogique

Le paysage des outils no-code applicables à la formation s’est considérablement enrichi ces dernières années. On y retrouve plusieurs catégories de solutions complémentaires :

  • Outils auteurs e-learning “rapid learning” : ils permettent de créer des modules de formation en ligne interactifs, souvent à partir de présentations ou de contenus existants, en y ajoutant des quiz, des vidéos, des narrations audio, etc. Sans citer de marques, de nombreuses plateformes en mode SaaS offrent des interfaces simplifiées pour produire des slides enrichis ou des parcours adaptatifs, exportables sous forme de modules compatibles avec les LMS (via SCORM, xAPI…).
  • Outils de quiz et d’évaluation interactifs : indispensables pour introduire de l’interactivité et mesurer les acquis en formation, des applications no-code proposent de générer facilement des questionnaires en ligne, des QCM, des sondages en direct, des études de cas avec feedback automatique, voire des escape games pédagogiques. Ces outils intègrent souvent des fonctionnalités ludiques (scores, classements, badges) pour stimuler la participation.
  • Outils de création multimédia enrichie : pour concevoir des vidéos interactives, des infographies animées ou des podcasts augmentés, il existe des studios en ligne ne demandant aucune maîtrise du montage. Ils permettent par exemple d’ajouter des quiz dans une vidéo, de rendre une image cliquable avec des informations qui apparaissent, ou de réaliser des tutoriels animés étape par étape.
  • Plateformes de simulation et de serious games : même le domaine du jeu sérieux est touché par le no-code. Certains éditeurs proposent des générateurs de serious games où l’on peut définir des scénarios, des personnages, des règles du jeu éducatif sans coder. D’autres offrent la possibilité de créer des chatbots ou des scénarios de mise en situation (par exemple, un dialogue virtuel avec un apprenant) via des outils visuels.

Cette diversité d’outils répond aux multiples besoins des formateurs du XXIe siècle. Elle contribue aussi à l’innovation pédagogique en abaissant les barrières à l’expérimentation. Un formateur créatif peut tester une nouvelle approche (par exemple, un mini-jeu pour entraîner à une compétence, ou une vidéo interactive pour illustrer un cas pratique) sans mobiliser de gros moyens. S’il constate que cela améliore l’engagement ou la compréhension, il peut déployer cette innovation grandeur nature rapidement. À grande échelle, cela signifie que le secteur de la formation devient plus agile pour incorporer les dernières avancées pédagogiques et technologiques. D’ailleurs, le Référentiel National Qualité (Qualiopi) a institutionnalisé cette nécessité de veille et d’adaptation : son indicateur 25 impose de « réaliser une veille sur les innovations pédagogiques et technologiques permettant une évolution des prestations et d’en exploiter les enseignements » [16]. En adoptant des outils no-code, un organisme de formation démontre justement sa capacité à intégrer les innovations disponibles pour faire évoluer ses pratiques.

II. Concevoir des supports pédagogiques interactifs et ludiques sans coder

1. Interactivité : vers des apprenants acteurs de leur formation

L’interactivité est devenue un maître-mot en pédagogie moderne, en particulier dans la formation pour adultes. Finies (ou en voie de l’être) les longues sessions descendantes où l’apprenant reste passif face à un formateur ou un écran. Les recherches en sciences de l’éducation montrent qu’un apprentissage actif favorise une meilleure compréhension et une meilleure rétention des connaissances. Les adultes, en particulier, « apprennent mieux lorsque le savoir leur permet de résoudre des problèmes concrets et lorsqu’ils peuvent appliquer immédiatement les nouvelles connaissances » [20]. Ils attendent également de la formation qu’elle soit un échange, où leur expérience est valorisée et où ils peuvent interagir avec le contenu, le formateur et les autres apprenants.

C’est précisément sur ce terrain que les outils no-code peuvent faire une différence significative. Ils rendent accessible la création de supports interactifs qui, il y a quelques années, auraient requis une équipe technique dédiée. Quelques exemples concrets illustrent cette évolution :

  • Quiz et évaluations formatives : Introduire des quiz tout au long d’un module en ligne ou à l’issue d’une séquence en présentiel permet de maintenir l’attention et de vérifier l’acquisition des connaissances. Avec des solutions no-code, un formateur peut insérer après chaque notion clé une question interactive qui fournit une rétroaction immédiate. Non seulement l’apprenant valide sa compréhension en temps réel, mais en plus le formateur recueille des données pour ajuster son enseignement. Ce mécanisme encourage un engagement régulier et évite la passivité. Un contenu purement linéaire (par ex. une vidéo sans interaction) peut entraîner une baisse d’attention ; au contraire, l’attente d’un quiz incite à rester concentré, et la boucle de feedback motive à s’améliorer.
  • Scénarios à choix et études de cas interactives : Grâce à des outils auteurs sans code, on peut élaborer de petits scénarios décisionnels où l’apprenant est plongé dans une situation et doit faire des choix, lesquels influencent la suite du parcours. Par exemple, dans une formation en management, un module interactif peut simuler un entretien d’évaluation : l’apprenant-joueur incarne le manager, doit sélectionner parmi plusieurs répliques à chaque étape, et voit les conséquences de ses décisions (employé démotivé ou au contraire remotivé). Ce type de branchements narratifs était autrefois complexe à programmer ; il est maintenant à la portée du pédagogue via des éditeurs visuels. L’apprenant devient acteur de son apprentissage, il “joue” son rôle, ce qui augmente fortement son implication cognitive et émotionnelle. Comme le souligne la littérature, « avec l’apprentissage interactif, les apprenants sont placés en situation de défi, ils commettent des erreurs puis apprennent d’elles dans un environnement sans risque réel » – ce qui dédramatise l’erreur et permet un apprentissage par essai-erreur bien plus efficace qu’un cours magistral [21].
  • Médias enrichis et contenus multimodaux : L’interactivité ne se limite pas aux quiz. Un support de cours peut intégrer des vidéos où l’apprenant choisit à quel moment afficher des explications complémentaires, des images cliquables dévoilant des informations, des simulations où il ajuste des paramètres et voit un résultat (par exemple, un simulateur financier pour un cours de gestion, réalisé sans une ligne de code). Ces micro-interactions rendent le parcours plus engageant. L’apprenant n’est pas face à un contenu figé, il le manipule. En formation d’adultes, cela répond au besoin d’autonomie et de personnalisation : chacun peut explorer davantage les aspects qui l’intéressent, revenir en arrière, avancer à son rythme. Les outils no-code proposent des tableaux de bord et des blocs modulaires pour construire ce type de contenu adaptatif sans programmation complexe.

2. Gamification : intégrer le jeu dans la formation grâce au no-code

Parmi les approches interactives, la gamification (ludification en français) occupe une place particulière tant elle a fait couler d’encre ces dernières années. La gamification consiste, rappelons-le, à intégrer des mécanismes de jeu dans un contexte qui n’est pas un jeu, en l’occurrence ici un parcours de formation. Il peut s’agir d’éléments aussi simples que l’attribution de points et de badges à chaque activité réussie, la mise en place d’un classement des apprenants, l’ajout d’un chronomètre pour créer un défi, ou aussi élaborés qu’une narration qui déroule une quête tout au long de la formation, avec des niveaux à franchir, des énigmes, des récompenses virtuelles, etc. [23, 24]. L’objectif est d’augmenter l’engagement et la motivation en s’appuyant sur le pouvoir d’attraction du jeu : le plaisir, le défi, la reconnaissance sociale, la compétition ou la coopération, le sentiment de progression, etc.

De nombreuses études ont montré l’impact positif que pouvait avoir la gamification sur la participation et la persévérance des apprenants. Par exemple, le fait de « donner une forme ludique à l’apprentissage donne envie de poursuivre la formation et permet de capter l’attention des apprenants sur la durée » [25]. En mobilisant des leviers de motivation intrinsèque, comme le plaisir de relever un défi ou la satisfaction de progresser, on crée un cercle vertueux : l’apprenant est plus actif, donc il apprend mieux, et ce succès l’encourage à continuer. De plus, « la gamification fait des collaborateurs des acteurs de leur formation », cassant le schéma traditionnel magistral [4]. On observe aussi des effets sur la consolidation des acquis : l’aspect ludique favorise la répétition sans ennui, la mémorisation est renforcée par la mise en situation, et le jeu permet d’explorer diverses stratégies, ce qui ancre plus profondément les connaissances ou compétences visées [21].

III. Gagner en autonomie : bénéfices stratégiques et qualité renforcée grâce au no-code

1. Des formateurs plus autonomes et réactifs, des organismes plus agiles

Adopter des outils no-code pour créer ses supports de formation, c’est avant tout investir dans l’autonomisation des équipes pédagogiques. Les formateurs, concepteurs pédagogiques ou responsables de formation gagnent en indépendance vis-à-vis des ressources techniques. Concrètement, cela apporte plusieurs avantages opérationnels et stratégiques :

  • Réactivité accrue : Les organismes de formation doivent souvent adapter rapidement leurs contenus – que ce soit pour répondre à une évolution réglementaire, aux retours des apprenants, ou aux demandes spécifiques d’une entreprise cliente. Avec le no-code, une modification de module peut être effectuée en interne en quelques heures (par exemple, ajouter un chapitre sur une nouvelle loi, mettre à jour un chiffre ou un processus dans un quiz, corriger une erreur) alors qu’auparavant, il aurait fallu mobiliser un prestataire ou un service informatique, avec un délai potentiellement de plusieurs jours ou semaines. Cette capacité à mettre à jour en continu les ressources garantit que les apprenants reçoivent une information à jour et pertinente, améliorant la qualité perçue. C’est également un gage de sérieux vis-à-vis des commanditaires de formations en entreprise qui apprécient cette flexibilité.
  • Maîtrise pédagogique interne : En produisant eux-mêmes les contenus, les formateurs gardent la main sur la cohérence pédagogique de A à Z. Ils peuvent s’assurer que chaque activité, chaque support s’aligne parfaitement sur les objectifs de formation et s’adapte au public cible. On évite ainsi les incompréhensions ou décalages possibles lorsqu’on externalise la création (où le risque est de recevoir un produit techniquement bon mais pédagogiquement en deçà des attentes faute de connaissance fine du contexte apprenant). Ici, ce sont les experts du contenu qui réalisent le module, avec leur connaissance du terrain et des apprenants. Cela rejoint l’idée évoquée plus tôt de co-création par les enseignants : le no-code place les formateurs au cœur du processus de design pédagogique numérique, renforçant le lien entre contenu et contenant.
  • Économies et rentabilité : Bien sûr, le calcul financier ne peut être ignoré. Externaliser la conception d’un module e-learning ou d’un serious game représente un coût significatif (chaque minute de module e-learning développé sur mesure peut coûter plusieurs centaines d’euros). À l’inverse, les outils no-code sont généralement proposés sous forme d’abonnement SaaS, pour un coût forfaitaire, souvent modeste comparé au volume de contenus produits. La montée en compétences des équipes en interne sur ces outils a un coût initial (formation aux outils, temps d’apprentissage), mais qui est vite compensé par la diminution des prestations externes. Pour un organisme qui produit régulièrement des contenus (par exemple un centre de formation qui doit mettre en ligne de nombreux modules tutorés ou multimodaux), l’investissement no-code devient très rentable sur le moyen terme. De plus, l’organisme conserve la propriété intellectuelle de ses contenus et peut les faire évoluer librement, sans dépendre d’un fournisseur.
  • Diffusion de l’innovation en interne : Doter les formateurs d’outils no-code peut avoir un effet mobilisateur sur les équipes. Cela encourage une culture de l’expérimentation et de l’amélioration continue. Chaque formateur peut tester de nouvelles approches, partager avec ses collègues ce qui fonctionne, ce qui entraîne une émulation positive. En interne, on valorise les initiatives pédagogiques innovantes. Certains organismes créent même des “laboratoires” pédagogiques informels où, grâce aux outils no-code, les idées sont prototypées rapidement puis déployées si elles s’avèrent efficaces. Cette agilité interne peut devenir un argument commercial : l’organisme se présente comme innovant, à la pointe des nouvelles méthodes, ce qui rassure les clients (notamment les entreprises cherchant des formations modernes) et attire potentiellement de nouveaux talents (formateurs souhaitant travailler dans un environnement dynamique).

2. Qualité, conformité et limites : intégrer le no-code dans une stratégie globale

Si les bénéfices du no-code sont nombreux, il convient de les inscrire dans une démarche stratégique et qualitative globale. En effet, l’outil, aussi puissant soit-il, n’est qu’un moyen. Plusieurs points d’attention émergent pour garantir que l’adoption du no-code renforce véritablement la qualité de l’offre de formation et la conformité aux exigences, plutôt que de créer de nouveaux écueils.

Conclusion

Les outils no-code s’affirment comme un levier de transformation puissant pour le secteur de la formation professionnelle. En rendant accessible à tous la création de supports numériques interactifs, ils ont contribué à démocratiser l’innovation pédagogique. Là où la conception de modules e learning, de quiz avancés ou d’expériences gamifiées était autrefois l’apanage de spécialistes, elle est désormais à la portée des formateurs, des responsables pédagogiques et des experts métier eux mêmes. Cette évolution répond à une double exigence : celle des apprenants, qui attendent des formations plus engageantes, plus flexibles et personnalisées ; et celle du cadre institutionnel, qui incite les organismes de formation à intégrer les avancées technologiques et à garantir la qualité de leurs prestations (comme en témoignent les critères de Qualiopi liés aux ressources pédagogiques et à l’engagement des bénéficiaires).

Au fil de cet article, nous avons mis en lumière les multiples bénéfices qu’offre l’adoption du no-code. D’un point de vue pédagogique, il facilite la réalisation de parcours riches et interactifs, stimulant l’engagement actif des apprenants – un facteur clé de réussite de l’apprentissage. Qu’il s’agisse de parsemer un module de quiz et de feedback immédiat, de proposer des mises en situation ludiques ou de construire une narration motivante via la gamification, le no-code permet d’innover dans les modalités sans compromis sur la rigueur pédagogique. Les apprenants y gagnent en motivation, en plaisir d’apprendre, tout en améliorant l’assimilation des savoirs grâce à des approches actives. D’un point de vue organisationnel, ces outils apportent aux équipes une agilité inédite : les formateurs deviennent maîtres de la production de contenu, ce qui réduit les délais, les coûts et renforce la cohérence entre le fond et la forme des formations. L’organisme de formation gagne en autonomie stratégique, pouvant adapter son offre rapidement aux évolutions du marché et aux besoins de ses publics, et cultivant en interne une culture d’amélioration continue et de créativité.

Nous avons également souligné les conditions de succès indispensables pour tirer pleinement parti du no-code. Celles-ci tiennent autant à la dimension humaine (former et accompagner les formateurs dans cette montée en compétence, maintenir une expertise pédagogique forte, encourager le partage de bonnes pratiques) qu’à la dimension technique et organisationnelle (choisir des outils fiables et conformes, intégrer les contenus dans un écosystème cohérent, mettre en place une gouvernance évitant la dispersion et garantissant la qualité). Le no-code n’est pas une solution magique : c’est un amplificateur de capacité. Entre de bonnes mains, il peut faire passer la qualité d’une formation de correcte à excellente ; mal employé, il pourrait tout autant produire une multitude de contenus superficiels. La clé réside dans l’alignement : alignement entre la stratégie pédagogique et l’utilisation de l’outil, alignement entre l’équipe informatique et l’équipe formation, alignement enfin entre les attentes des apprenants et les expériences proposées.

En adoptant une telle approche réfléchie, les organismes de formation pourront non seulement optimiser leur présent, mais aussi mieux se préparer à l’avenir. L’innovation technologique continue d’accélérer : on voit poindre l’ère de l’IA éducative no-code, des environnements virtuels immersifs de plus en plus simples à créer, ou encore de la personnalisation poussée des parcours grâce aux données. Ceux qui auront développé une agilité via le no-code aujourd’hui seront mieux placés pour intégrer ces nouveautés demain. Par exemple, ils pourront rapidement greffer des fonctionnalités d’IA générative à leurs outils pour accélérer la conception de questions ou de synthèses de cours, ou exploiter la réalité virtuelle sans coder pour proposer des ateliers immersifs à moindre coût.

En toile de fond, la formation professionnelle en France a tout à gagner à cette montée en compétence numérique de ses acteurs. Dans un monde du travail en évolution rapide, avec des besoins de requalification massive, il est crucial que l’appareil de formation soit en mesure de répondre vite et bien. En libérant la créativité et en raccourcissant les cycles de conception, les outils no-code permettent d’accélérer la réponse aux besoins de compétences, d’expérimenter de nouvelles approches pédagogiques (AFEST digitalisée, micro-learning, évaluation en continu…) et d’accompagner les apprenants de façon plus soutenue et motivante.

En conclusion, intégrer les outils no-code dans les pratiques de conception pédagogique n’est plus seulement une question de tendance technologique, c’est un véritable choix stratégique pour les organismes de formation qui souhaitent renforcer leur efficacité, leur attractivité et leur capacité d’innovation. Cela s’inscrit pleinement dans la démarche qualité et l’exigence d’adaptabilité qui caractérisent la formation professionnelle moderne. À l’heure où la compétition entre offreurs s’intensifie et où les apprenants deviennent plus exigeants, les organismes qui sauront combiner le meilleur de la pédagogie et le meilleur de la technologie – sans coder mais avec intelligence – disposeront d’un avantage déterminant. L’enjeu est de rester fidèles à la finalité ultime : offrir aux apprenants des expériences formatrices riches de sens, engageantes et efficaces, en tirant parti des outils d’aujourd’hui et de demain. Le no-code, utilisé judicieusement, s’affirme comme l’un de ces outils phares au service d’une formation professionnelle toujours plus interactive, personnalisée et de qualité.

Bibliographie

  • Bentoudja, L., Rosa, S., & Schianchi, H. (2024). Un recours plus fréquent à la formation en 2022 pour les personnes en emploi et les plus diplômées. Insee Première, n°1994 [8, 32].
  • Caisse des Dépôts (2024). Rapport annuel Mon Compte Formation 2023. Données citées par Gilmar S. Martins dans Info Social RH, 25 sept. 2024 : “CPF : plus d’1,3 million de personnes formées en 2023” [9].
  • Ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion (2019). Décret n°2019-565 du 6 juin 2019 relatif au référentiel national sur la qualité des actions concourant au développement des compétences. Annexe : Référentiel National Qualité (critères et indicateurs Qualiopi) [6, 16].
  • OCDE (2024). Perspectives de l’OCDE sur l’éducation numérique 2023 : Vers un écosystème numérique efficace. Éditions OCDE, Paris [1, 19].
  • UNESCO (2023). Rapport mondial de suivi sur l'éducation : Les technologies dans l'éducation – qui est aux commandes ? Éditions UNESCO, Paris [10].
  • Cui, J. (2024). The Impact of Low-Code and No-Code Programming on Software Product Delivery Quality and Development Efficiency. Working paper, SSRN (SolBridge Int. School of Business) [12, 15].
  • Concordia University – Continuing Education (2024). Pourquoi les adultes apprennent différemment : six principes guidant l’éducation permanente. Article du 20/11/2024, Montréal [3, 17].
  • Digiforma Veille (2021). Qualiopi – Indicateur 25 : ce qu’il faut savoir. Synthèse du guide de lecture Qualiopi, version 7, Paris [16].
  • Digiforma (2022). Certification Qualiopi – Indicateur 12 : Engagement des bénéficiaires. Guide pratique en ligne, Lyon [6, 7].
  • Youmatter (2021). La gamification ou le jeu pédagogique au service des formations en entreprise. Article du 05/02/2021 [21, 25].

FAQ (Foire aux questions)

Qu’est-ce qu’un outil no-code et comment s’applique-t-il à la formation professionnelle ?

Un outil no-code est une plateforme logicielle qui permet de créer des applications ou des contenus numériques sans écrire de code informatique. Dans le domaine de la formation professionnelle, cela se traduit par des solutions qui offrent aux formateurs des éditeurs visuels pour concevoir des modules e-learning, des quiz interactifs, des vidéos enrichies ou même des petits serious games, le tout sans avoir besoin de compétences en programmation. Ces outils présentent des bibliothèques d’éléments prêts à l’emploi (questions, médias, boutons, etc.) que l’on assemble par glisser-déposer. Par exemple, un formateur peut développer un cours en ligne interactif avec des exercices et des évaluations intégrées sans faire appel à un développeur. Le no-code appliqué à la formation permet ainsi de démocratiser la création de contenus pédagogiques numériques, en rendant les équipes pédagogiques autonomes dans la conception de parcours innovants.

Comment les outils no-code facilitent-ils la création de contenus pédagogiques interactifs ?

Ils la facilitent en mettant à disposition des formateurs une palette d’outils simples pour ajouter de l’interaction dans les cours. Concrètement, une plateforme no-code dédiée à la formation propose par exemple des modèles de quiz, de sondages, de vidéos interactives, de scénarios à choix multiples, etc. Le formateur n’a qu’à insérer son contenu (textes, images, questions) dans ces modèles et à paramétrer quelques options (bonnes réponses, feedback à afficher, score à attribuer), le tout via une interface graphique intuitive. Sans écrire une ligne de code, on peut ainsi intégrer toutes sortes d’activités interactives : des QCM après chaque chapitre, des études de cas où l’apprenant clique pour révéler l’analyse, ou encore des simulations où il prend des décisions et voit les conséquences. Les outils no-code offrent également la possibilité de visualiser instantanément le résultat et de le modifier aisément, ce qui accélère le processus d’ingénierie pédagogique. En résumé, ils réduisent les barrières techniques et permettent de se concentrer sur le scénario pédagogique, rendant la conception de contenus interactifs plus rapide et accessible.

Un formateur sans compétences techniques peut-il réellement utiliser un outil no-code en digital learning ?

Oui, c’est justement l’objectif du no-code. Ces outils sont pensés pour des utilisateurs non informaticiens. Un formateur qui maîtrise déjà les outils bureautiques de base et qui a l’habitude de concevoir des supports (diaporamas, documents) pourra généralement prendre en main un outil no code avec un minimum de formation initiale. Les éditeurs no-code proposent des interfaces visuelles, des menus clairs, des tutoriels intégrés pour guider pas à pas. Par exemple, pour créer un quiz en digital learning via un outil no-code, le formateur est invité à saisir ses questions dans un formulaire, à cocher la bonne réponse, éventuellement à ajouter une explication, et l’outil se charge de générer l’activité interactive correspondante. Bien sûr, comme tout nouvel outil, cela requiert un temps d’apprentissage au départ – souvent quelques heures de découverte ou une courte formation – mais aucune connaissance en langage de programmation n’est nécessaire. De plus, la plupart des plateformes no-code pour la formation disposent de communautés d’utilisateurs, de ressources d’aide et de supports techniques en cas de besoin. Ainsi, un formateur motivé, même peu technique, peut tout à fait devenir autonome sur ces outils et enrichir ses pratiques de digital learning.

Quels sont les avantages concrets des outils no-code pour un organisme de formation ?

Les avantages sont multiples, tant sur le plan pédagogique qu’organisationnel. D’abord, ils permettent de diversifier et moderniser l’offre de formation en intégrant facilement du e-learning, du blended learning (formation mixte) ou des ressources numériques complémentaires aux sessions présentielles. Ensuite, ils offrent une grande réactivité : l’organisme peut mettre à jour ses contenus ou en créer de nouveaux très rapidement en interne, sans dépendre de prestataires externes, ce qui est précieux pour suivre l’évolution des compétences demandées ou des normes (par exemple, adapter une formation suite à un changement de réglementation peut se faire en quelques heures). Sur le plan économique, cela se traduit par des coûts réduits de production de contenu et une meilleure rentabilité à moyen terme, surtout si l’on crée fréquemment de nouvelles formations. Autre avantage, et non des moindres : le no-code renforce la maîtrise pédagogique et la cohérence, car ce sont les formateurs eux-mêmes qui conçoivent les modules digitaux en accord avec leurs objectifs, sans qu’une traduction technique altère le message. Enfin, utiliser ces outils valorise l’image de l’organisme en le positionnant comme innovant. C’est un argument marketing auprès des clients (entreprises ou apprenants) qui montre que l’organisme investit dans des méthodes pédagogiques actuelles et engageantes. En résumé, les outils no-code apportent agilité, économies, qualité et innovation, soit un ensemble d’atouts stratégiques dans le secteur très concurrentiel de la formation.

Les outils no-code permettent-ils d’intégrer facilement la gamification dans les formations ?

Oui, la plupart des outils no-code dédiés à la formation disposent de fonctionnalités de gamification prêtes à l’emploi. Concrètement, cela signifie que l’on peut en quelques clics ajouter des mécanismes ludiques à un parcours. Par exemple, beaucoup de plateformes offrent un système de points et de badges : il suffit d’activer l’option pour qu’automatiquement les apprenants accumulent des points en réalisant des activités, et reçoivent des badges (ex: “Badge Quiz Master”) en fin de module ou lorsqu’ils ont tout terminé. De même, l’outil peut générer un classement ou des tableaux de score si l’on souhaite introduire une composante de compétition amicale. Au-delà des points, certains outils no code proposent des gabarits de jeux (quiz en mode “jeu télévisé”, scénario de type escape game, etc.) où le formateur n’a plus qu’à insérer son contenu. Il est donc tout à fait envisageable, sans coder, de rendre une formation plus ludique : par exemple en transformant un QCM classique en quiz chronométré avec podium final, ou en ajoutant une histoire avec des défis à relever module après module. La gamification devient ainsi un paramètre activable de la formation. Bien sûr, il est important de l’utiliser de façon pertinente, mais techniquement les outils no-code en facilitent grandement l’intégration – là où il aurait fallu auparavant développer un programme spécifique ou faire appel à un spécialiste du jeu. En somme, oui, intégrer la gamification est à la portée de tout formateur équipé d’un bon outil no-code.

Les contenus créés avec un outil no-code sont-ils compatibles avec mon LMS et conformes à Qualiopi ?

Dans la grande majorité des cas, oui. Les éditeurs d’outils no-code savent que les organismes de formation travaillent souvent avec un LMS (Learning Management System) pour diffuser les cours en ligne, suivre les apprenants et collecter les résultats. C’est pourquoi la plupart des outils auteurs no code permettent d’exporter les modules au format SCORM ou xAPI, qui sont des standards reconnus par les LMS. Vous pouvez donc créer un contenu (par exemple un module e-learning interactif) sur l’outil no-code, l’exporter en paquet SCORM et l’importer dans votre plateforme LMS : les apprenants pourront y accéder normalement et leurs scores/remarques remonteront dans le suivi du LMS. Il est toujours bon de vérifier cette fonctionnalité avant de choisir un outil, mais c’est devenu un standard de l’industrie. Concernant la conformité Qualiopi, rien n’empêche l’utilisation d’outils no-code, bien au contraire. Qualiopi exige que l’organisme de formation démontre la qualité de ses prestations, l’actualisation de ses ressources, l’engagement des apprenants, etc. Or un organisme qui utilise le no-code de manière appropriée peut justement renforcer ces points : proposer des ressources pédagogiques variées et à jour (indicateur 19), favoriser l’interaction et l’engagement via des activités ludiques et interactives (indicateur 12 sur l’engagement des bénéficiaires) [6, 7], et montrer qu’il fait de la veille technologique et pédagogique (indicateur 25) en intégrant des méthodes innovantes [16]. La clé est de bien documenter ces usages. Par exemple, lors de l’audit Qualiopi, vous pourrez présenter des exemples de modules créés, expliquer comment vous suivez la participation dessus, et comment cela améliore vos formations. En résumé, les contenus no-code s’intègrent techniquement à votre écosystème (LMS) et contribuent positivement au respect des critères Qualiopi, à condition bien sûr de les utiliser dans une logique qualité.

Quelles sont les limites des outils no-code par rapport à un développement sur mesure traditionnel ?

Bien que très puissants, les outils no-code ont en effet quelques limites à connaître. D’abord, ils offrent un éventail de fonctionnalités prédéfinies : on peut les voir comme une boîte à outils. Si votre besoin sort complètement de ce qu’offre la boîte, vous pourriez être bloqué. Par exemple, pour un projet extrêmement spécifique ou innovant (un simulateur 3D très pointu, ou un algorithme d’adaptive learning inédit), un outil no-code standard pourrait ne pas permettre de le réaliser exactement comme souhaité – un développement sur mesure serait alors nécessaire. Ensuite, il y a la question de la personnalisation poussée : les no-code proposent souvent des modèles. On peut les customiser en termes de contenu, de couleurs, de logos, mais on reste dans une trame générale. Si vous voulez un design ou une expérience utilisateur entièrement originale, le no-code aura des contraintes (il peut y avoir une “signature” visuelle de la plateforme utilisée, par exemple). Autre aspect : la performance et l’évolutivité. Pour la plupart des projets de formation, les outils no-code sont suffisamment robustes. Mais pour des très grands volumes d’apprenants connectés simultanément ou des contenus extrêmement lourds, il faut s’assurer que l’infrastructure de l’outil suivra – dans ce cas, on dépend un peu de l’éditeur du logiciel. Par contraste, un développement sur mesure bien optimisé pourrait tirer parti au maximum de ressources serveurs dédiées. Enfin, un point à considérer est la dépendance à l’outil : si un organisme mise tout sur une solution no-code propriétaire et que celle-ci disparaît ou devient obsolète, il faudra migrer les contenus vers un autre système (ce qui est toutefois mitigé par l’utilisation des standards d’export évoqués plus haut). En résumé, les no-code couvrent très bien les besoins courants de création de contenus et même bien au-delà, mais dès qu’on atteint des exigences extrêmement spécifiques ou techniques, le recours à du développement sur mesure peut redevenir nécessaire. L’important est de bien définir son cahier des charges : dans l’écrasante majorité des cas en formation, on pourra le satisfaire via un outil no-code ; pour des demandes hors norme, il faudra évaluer au cas par cas la meilleure approche.

Comment choisir le bon outil no-code pour mon organisme de formation et mes formateurs ?

Le choix de l’outil no-code idéal dépend de plusieurs critères liés à vos besoins et à votre contexte. Voici quelques conseils pour orienter votre décision : (1) Définissez vos usages principaux : avez-vous surtout besoin de créer des modules e-learning complets ? De simples quiz ? Des vidéos interactives ? Certains outils excellent dans le rapid learning (diapos interactives), d’autres dans les quiz ludiques, d’autres sont plus généralistes. Faites un inventaire de ce que vous voulez produire. (2) Testez l’ergonomie : l’outil doit être simple à prendre en main pour vos formateurs. N’hésitez pas à demander une démo ou un essai gratuit et impliquez un ou deux formateurs pilotes pour recueillir leur ressenti. Un outil jugé trop complexe ne sera pas utilisé. (3) Vérifiez la compatibilité et l’intégration : assurez vous que l’outil permet d’exporter en SCORM/xAPI ou de se connecter à votre LMS, et qu’il est conforme à vos exigences (RGPD, hébergement…). (4) Examinez les fonctionnalités de support : par exemple, la gestion des questions de quiz (banque de questions, randomisation), la présence d’une bibliothèque de gabarits, les options de gamification, la possibilité de collaborer à plusieurs sur un module, etc. Priorisez les fonctionnalités indispensables pour vous. (5) Considérez le modèle économique : certains outils sont open-source et gratuits (ou presque) mais demandent un peu plus de compétences techniques, d’autres sont en SaaS avec abonnement. Calculez le coût en fonction du nombre de modules à créer, d’apprenants, etc. Parfois un tarif annuel illimité sera plus intéressant qu’un paiement à l’usage. (6) Support et communauté : un bon outil aura idéalement un support réactif (forum, assistance en ligne) et une communauté d’utilisateurs notamment dans le secteur formation – cela facilite l’apprentissage et le partage d’astuces. Enfin, (7) pérennité et évolutivité : renseignez-vous sur l’éditeur, ses références, les mises à jour prévues. Mieux vaut un outil un peu moins “bling-bling” mais bien établi et régulièrement mis à jour, qu’une start-up très innovante mais dont l’avenir est incertain. En synthèse, le meilleur outil sera celui qui correspond à vos cas d’usage, que vos formateurs adopteront facilement et qui s’intègre sans heurts dans votre environnement. Prenez le temps de l’évaluation, éventuellement via un petit projet pilote, avant de déployer à grande échelle. Ainsi, vous ferez un choix éclairé qui maximisera vos chances de réussite dans l’intégration du no-code.

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